Les jeux connus ou importants, que j’ai eu l’occasion d’essayer ou réessayer récemment, et que je juge sur des critères modernes, pour répondre à la question : ces jeux ont-il bien vieilli ? Répondent-ils aux critères de jouabilité et de level design modernes ? Ont-ils été copiés tellement de fois qu’ils ont perdu leur originalité lorsqu’on les découvre aujourd’hui ?
Evidemment ce ne sont que mes avis, que je m’efforce d’écourter au maximum : mon opinion complète est probablement bien plus nuancée que les petites descriptions lapidaires ci-dessous. A de rares exceptions près, les graphismes ne comptent pas dans l’équation, et de toute façon, même les jeux modernes utilisent parfois des restrictions très fortes et restent agréables à regarder.
Je ne liste pas la totalité des jeux rétro auxquels j’ai joué récemment, je vais me concentrer sur les plus connus, les plus appréciés, et les plus importants. Tout le monde se moque de savoir qu’un jeu médiocre à l’époque est mauvais aujourd’hui. N’hésitez pas à faire un tour dans mes critiques rétrogaming.
70’s
Space Invaders (Arcade, 1978) : la révolution arcade est aujourd’hui si basique qu’elle en est ennuyeuse à s’endormir. Cette prouesse technique de l’époque est aujourd’hui faisable par n’importe qui en quelques heures avec n’importe quel langage de programmation.
Galaxian (Arcade, 1979) : le temps n’a pas été tendre avec ces jeux à « tir unique » comme Space Invaders, et Galaxian n’y fait pas exception : on s’ennuie rapidement.
80’s
Pac-Man (Arcade, 1980) : le gameplay n’a pas vieilli, mais le jeu n’a que peu d’intérêt si vous n’aimez pas chasser le high score.
Donkey Kong (Arcade, 1981) : le gameplay est encore efficace, mais les seulement 4 niveaux qui tournent en boucle risquent de rapidement vous taper sur les nerfs si vous n’aimez pas chasser le high score.
Galaga (Arcade, 1981) : un shmup encore étonnamment addictif, plus complexe qu’il n’y paraît, et qui donne envie de s’accrocher.
Scramble (Arcade, 1981) : très basique d’aspect, Scramble est pourtant encore assez addictif : c’est un Gradius plus primitif, mais plus équilibré.
Turbo (Arcade, 1981) : le concept est très classique, mais l’exécution, avec une vitesse de défilement qui ne fait qu’augmenter jusqu’à des niveaux délirants, est encore assez original aujourd’hui.
Dig Dug (Arcade, 1982) : un jeu d’arcade simple mais efficace, qui n’a d’intérêt que si vous aimez chasser le high score.
Pitfall! (Atari 2600, 1982) : révolutionnaire à l’époque, le gameplay n’est pas très précis, et le jeu est très répétitif. L’avantage, c’est qu’en 10mn on a vu tout ce qu’il propose, et on peut passer à un autre.
Pole Position (Arcade, 1982) : le gameplay reste précis et plutôt bon, mais bizarrement pour un jeu d’arcade, il est plutôt ennuyeux, avec ses sessions de qualifications, et ses circuits très longs. Impossible d’y jouer juste quelques minutes, il faut un peu « s’investir » pour s’y amuser.
Beamrider (Atari 2600, 1984) : étonnement fun pour un « galery shooter » aussi simple, il est très efficace et bien fluide.
Karate Champ (Arcade, 1984) : malgré des contrôles difficiles à appréhender, Karate Champ est riche, complexe et prenant, particulièrement pour l’époque, mais même encore aujourd’hui.
Tetris (divers, 1984) : inusable, inaltérable, indémodable. Les succès récents de Tetris 99 et Tetris Effect, 35 ans après la première version, en sont une preuve.
Gradius/Nemesis (Arcade, 1985) : très marquant à l’époque, les shmups ont énormément évolué depuis cette période, et même dans ce style, il y a eu bien mieux depuis.
Alex Kidd in Miracle World (Master System, 1986) : je le trouvais déjà assez médiocre à l’époque, mais son portage sur Switch a fini de me convaincre : c’est un très mauvais jeu, avec un gameplay absolument atroce.
Out Run (Arcade, 1986) : gameplay toujours efficace, musiques excellentes, difficulté personnalisable sur les versions modernes, un très bon moyen de conduire à toute allure pendant quelques minutes, entre deux autres jeux plus conséquents.
Castlevania 1, 2, 3 (NES, 1986-1989) : le gameplay du premier est précis et le level design très correct, mais la difficulté est délirante. Le second n’est clairement pas terminé, et le troisième est supérieur en tous points au premier.
Dragon Quest (NES, 1986) : très basique, très linéaire, avec beaucoup de grind et très peu d’indications. Regardez-en plutôt un « let’s play » accéléré.
Fantasy Zone (Arcade, 1986) : encore assez bon, mais toujours aussi étrange.
Phantasy Star (Master System, 1987) : la version Sega Ages rééquilibre le jeu et apporte une carte automatique, ce qui permet d’éliminer les plus gros défauts de l’original, et de le rendre très bon, même aujourd’hui. Il nécessite quand-même une soluce, certaines actions nécessaires étant parfois absurdes.
Shinobi (Arcade, 1987) : un gameplay très basique et une difficulté très élevée, Shinobi n’est pas mauvais mais n’a plus grand-chose d’original aujourd’hui.
Street Fighter (Arcade, 1987) : le gameplay est peu précis (les coups spéciaux ne sortent pas à chaque fois, ce qui est voulu), et le concept d’unique personnage contrôlable est d’un autre âge.
Wonder Boy in Monster Land (Arcade, 1987) : les éléments de RPG introduits dans ce jeu sont maintenant vus des milliers de fois, et la difficulté aberrante le rend extrêmement pénible.
Mega Man 1 à 6 (NES, 1987-1993) : les masochistes aimeront sans doute la difficulté aberrante ; les autres déploreront le gameplay basique, le level design très médiocre, les boss plus pénibles que funs, et la répétitivité générale de la série.
Altered Beast (Megadrive, 1988) : très basique, déjà à l’époque mais encore plus aujourd’hui, il n’a que peu d’intérêt.
Splatterhouse (Arcade, 1988) : déjà pas très évolué à l’époque, il est surtout connu pour son gore, qui était assez original, mais plus du tout aujourd’hui.
Final Fight (Arcade, 1989) : le gameplay est simple mais efficace, mais la difficulté délirante peut vite gonfler.
Wonder Boy the Dragon’s Trap (Master System, 1989) : le gameplay est assez spécial, mais une fois pris en main, le jeu est très bon.
Ys Book I & II (PC Engine CD, 1989) : le gameplay est simple mais très efficace, les musiques sont très bonnes, reste le gros manque d’indications, facilement résolu aujourd’hui par une soluce.
Omega Fighter (Arcade, 1989) : sous son aspect un peu « brut » pour l’époque se cache un gameplay extrêmement bien ficelé et très original avec un système de scoring complexe. A tester.
90’s
Castle of Illusion (Master System, 1990) : complet, varié, avec un gameplay très précis, un excellent jeu encore aujourd’hui, et pas assez connu car dans l’ombre de la version Megadrive, pourtant inférieure.
Castle of Illusion (Megadrive, 1990) : devenu aujourd’hui très banal, les niveaux sont inintéressants et le gameplay est assez flou. Encore un jeu pas très bon mais très joli.
Ninja Golf (Atari 7800, 1990) : un croisement improbable de golf et beat’em up, c’est très drôle pendant environ 10mn, puis on se lasse du gameplay approximatif et répétitif. Il ne dépareillerait pas en tant que jeu indépendant un peu mieux fignolé.
Castlevania 4 (SNES, 1991) : le gameplay est correct mais le level design est ennuyeux au possible. Passé quelques niveaux d’émerveillement graphique, on s’ennuie ferme.
Sonic The Hedgehog (Megadrive, 1991) : certains aiment, mais j’ai beaucoup de mal avec l’inertie de camion, et l’imprécision générale du gameplay. Les niveaux sont de qualité correcte sans plus.
Street Fighter 2 (Arcade, 1991) : un peu rigide, un peu trop complexe avec ses coups spéciaux parfois extrêmement difficiles à sortir, il reste très correct et appréciable, mais il y a beaucoup mieux depuis.
Streets of Rage (Megadrive, 1991) : les beat’em up n’ont pas énormément évolué depuis cette période, ce qui permet à Streets of Rage de rester très bon aujourd’hui.
Mystic Quest (Game Boy, 1991) : assez basique, très obscur, pas mal buggé. Pas mauvais par rapport à la ludothèque de l’époque, mais pas vraiment indispensable aujourd’hui.
Flashback (Megadrive, 1992) : le jeu est encore très bon, dans son style particulier, à l’exception du dernier niveau un peu fastidieux.
Sonic 2 (Megadrive, 1992) : le gameplay est fondamentalement inchangé par rapport au premier, avec ses qualités et ses défauts, mais les niveaux sont franchement mauvais, avec beaucoup de pièges cachés, et sont si complexes qu’il m’est arrivé de me perdre totalement plusieurs fois.
Thunder Force 4 (Megadrive, 1992) : nerveux et punitif, un peu brouillon parfois, Thunder Force 4 est encore bon aujourd’hui, mais soyons francs, il y a mieux depuis.
Virtua Racing (Arcade, 1992) : rapide à prendre en main, complexe à maîtriser, le fun est immédiat, et on peut y passer des heures à améliorer son temps sans s’ennuyer.
Aladdin (Megadrive, 1993) : les superbes animations et les graphismes détaillés n’arrivent pas à compenser un gameplay très imprécis et un level design souvent médiocre.
Doom (PC, 1993) : le level design à base de labyrinthes avec des clés à ramener d’un bout à l’autre de la carte a très mal vieilli, et rend le jeu rapidement ennuyeux. A moins d’aimer les labyrinthes, bien sûr.
Mega Man X à X4 (SNES/Playstation, 1993-1997) : par rapport à la « série de base », la « série X » n’a pas grand-chose à voir : gameplay très dynamique, level design recherché, boss intéressants, difficulté rééquilibrée. D’excellents épisodes.
Shinobi 3 Return of the Ninja Master (Megadrive, 1993) : le gameplay est presque aussi basique que le premier, mais avec des mouvements supplémentaires, une bonne variété dans les niveaux, les situation et les ennemis, il est très fun encore aujourd’hui.
Super Metroid (SNES, 1994) : probablement un peu plus rigide que dans vos souvenirs, Super Metroid reste très bon, mais sa maniabilité à base de gâchettes pour tirer dans les diagonales a très mal vieilli, et son manque d’indications accuse le poids des années.
Castlevania Bloodlines (Megadrive, 1994) : pas grand-chose à voir avec les épisodes NES et SNES, c’est tout de même un jeu correct, mais sans plus.
Le Roi Lion (Megadrive/SNES, 1994) : fait partie de ces jeux Disney très jolis, et dont on garde un très bon souvenir, mais finalement très médiocres quand on y rejoue, avec un gameplay extrêmement imprécis.
Samurai Shodown 2 (NeoGeo, 1994) : comme la plupart des jeux de combat « légendaires » sur NeoGeo, il ne faillit pas à sa réputation : fluide, dynamique, riche, complet, les superlatifs ne manquent pas.
The King of Fighters 94 (NeoGeo, 1994) : le premier épisode de cette série mythique est aussi probablement le moins bon, notamment avec une rigidité encore plus marquée que Street Fighter 2.
Street Fighter Alpha (Arcade, 1995) : SF Alpha correspond probablement à ce qu’ont en mémoire ceux qui pensent à SF2 alors qu’ils n’ont pas rejoué depuis 20 ans : superbe, dynamique, riche, et bien équilibré.
Samurai Shodown III (Arcade, 1995) : le gameplay semble bon, la technique aussi, mais la difficulté est totalement aberrante.
Fatal Fury 3 (Arcade, 1995) : très bon même si très dur et très technique, mais reste encore un peu raide, surtout par rapport à SF Alpha.
Super Mario 64 (N64, 1996) : la maniabilité reste très correcte et le level design très bon, mais la caméra est infernale et gâche un peu l’expérience.
Metal Slug 1, X (Arcade, 1996-2004) : très difficiles, un peu basiques, et assez répétitifs : rigolos sur une partie en mode crédits infinis, mais pas beaucoup plus.
Castlevania Symphony of the Night (Playstation, 1997) : le père des metroidvania souffre d’avoir été tellement copié : si vous avez joué aux Castlevania GBA ou DS, ou à un metroidvania moderne, pas la peine de faire SotN, vous n’y découvrirez rien d’autre que des mécaniques datées.
Guilty Gear (Playstation, 1998) : fluide, beau et dynamique mais aussi très technique et exigeant.
Grim Fandango (PC, 1998) : un des derniers représentants du style « point & click » traditionnel qui demandent de faire des séquences d’actions tirées par les cheveux et de combiner des objets de manière absurde. Certains aiment ça, personnellement je ne vois pas trop l’intérêt, et les point & click se sont un peu éloignés de ce genre depuis.
Garou Mark of the Wolves (Arcade, 1999) : absolument incroyable pour l’époque, c’est encore un modèle aujourd’hui : fluide, dynamique, riche et complet. Un must-have du genre.
The King of Fighters 99 (arcade, 1999) : beau, dynamique, fluide, fun, complet, excellent.
00’s
Halo (Xbox, 2001) : le gameplay est encore bon, mais certains niveaux sont d’interminables copier/collers de couloirs infinis et tous identiques jusqu’à la nausée, ce qui gâche totalement la seconde moitié du jeu. Les épisodes suivants lui sont largement supérieurs en tous points.
Ikaruga (Arcade/Dreamcast, 2001) : un excellent shmup qui fait des nœuds au cerveau vu sa complexité. A réserver aux plus aguerris.
Ys Origin (PC, 2006) : un gameplay simple mais très efficace et maîtrisé, un level design intéressant, trois histoires très bien écrites, c’est un excellent jeu.