La Super Pocket est une portable d’émulation compacte et peu chère (60€), ce qui en fait la version la plus accessible de la gamme Evercade. Elle est commercialisée sous la marque Hyper Mega Tech (quel nom ridicule) mais c’est bien Blaze qui la fabrique, comme les Evercade ; je ne sais pas pourquoi ils ont changé la marque. Evercade commercialise aussi une portable plus qualitative mais plus chère (la EXP-R), une console de salon (la VS-R) et désormais une borne d’arcade (l’Alpha).



Matériel
Dès la sortie de la boîte, on a l’impression que le plastique fait un peu cheap : on sent que la console est positionnée « entrée de gamme ». La prise en main est assez petite malgré l’épaisseur assez grosse – à 1cm de hauteur près, c’est la même taille qu’une Miyoo Mini+. La croix est assez mauvaise : elle s’enfonce complètement car elle n’a pas de pivot central, ce qui rend la maniabilité assez mauvaise ; les boutons sont corrects, même si les gâchettes ne sont pas très pratiques d’accès. L’écran de 2.8″ est assez petit si on prend en compte la taille de la machine, mais c’est surtout sa faible résolution (320×240) qui pose problème : c’est parfaitement adapté aux jeux horizontaux, qui ont généralement cette résolution native, mais pas du tout aux jeux verticaux, qui perdent la moitié de leurs pixels, et sont souvent très difficiles à lire ; ça rend certains jeux inclus assez moches, comme Kiki KaiKai ou Volfied, mais sur les cartouches Toaplan c’est carrément injouable.
Au niveau de la connectique, la console se recharge en USB-C, possède une sortie casque, mais pas de sortie télé ni de moyen de brancher une manette tierce : c’est vraiment fait pour du jeu solo. Les boutons de volume ne sont pas très précis et il est encore assez fort au niveau minimum. Mais le plus problématique, c’est le manque de mode veille : il n’y a que la possibilité de l’éteindre, ce qui est assez incompréhensible de nos jours, surtout que la batterie ne dure que 4h.
Logiciel
En terme d’options logicielles, c’est très basique : un réglage global de la difficulté (facile ou normale) pour tous les jeux (arcade) d’un seul coup, des save states, et c’est tout. Il n’y a par exemple pas d’autofire, ce qui est parfois assez pénalisant sur les shoots. Les options d’affichage permettent de se mettre au ratio (4:3), en pixel perfect (donc généralement plein écran) ou en full screen (ce qui revient au même) ; les shaders sont basiques et moches, et il n’y a pas de bordures sur les jeux verticaux. Les menus sont aussi extrêmement simpliste comparé à la EXP : on n’a aucune trace de la collection, des infos ou quoi que ce soit, c’est juste la liste des jeux avec pochette et c’est tout.
Vous l’aurez compris, au niveau du rapport qualité/prix, c’est assez mauvais : si on reste dans le même format, la Miyoo Mini+ a un écran plus grand et de bien meilleurs contrôles tout en étant deux fois moins chère. C’est vraiment idiot d’avoir mis un écran d’aussi mauvaise qualité, alors qu’un écran 3.5″ 640×480, parfait pour cet usage, ne coûte rien : la preuve avec la Miyoo Mini et la RG35XX ; même l’écran de la RG28XX, lui aussi en 2.8″, est de bien meilleure qualité !
Mais l’intérêt des Evercade, on l’a compris avec la EXP, réside surtout dans les jeux inclus légalement, et les cartouches qui permettent d’avoir des jeux rétro dans un format physique.
Jeux
Cette console, en version Taito, comporte 18 jeux intégrés, très bons dans l’ensemble et plutôt variés (shooter, plateforme, puzzle, beat’em up, sport…), avec des titres plus ou moins connus, depuis Space Invaders et Bubble Bobble jusqu’à Legend of Kage, et même s’il manquera probablement votre favori, il n’y a aucun réellement mauvais jeu.
- Shooters : Space Invaders (1979), KiKi KaiKai (1986), Operation Wolf (1987), Space Invaders 90 (1991) (version Megadrive, étrangement)
- Run & gun : Elevator Action (1983), The Legend of Kage (1985)
- Plate-forme : Chack’n Pop (1984), The Fairyland Story (1985), Bubble Bobble (1986), Rastan (1987), The NewZealand Story (1988), Cadash (1989), Don Doko Don (1989), Liquid Kids (1990)
- Puzzle : Volfied (1989), Puzzle Bobble / Bust A Move (1994)
- Sport : Football Champ (1991)
- Beat’em up : Growl (1991)
La machine existe dans d’autres versions, avec d’autres coloris :
– Capcom : 12 jeux comme Street Fighter 2, Final Fight, Strider, GnG… Et 4 NES/SNES. Une bonne sélection, même s’il y a des doublons, comme 1942/1943.
– Technos : 15 jeux globalement très orientés beat’em up, comme Double Dragon, Renegade, ou River City Ransom, avec certains jeux en arcade, et d’autres en portages console : par exemple Double Dragon est en version arcade, NES et Game Boy, ce que je trouve d’un goût douteux.
– Atari : 50 jeux arcade, 2600, 5200, 7800, et Lynx. Ça dépendra de vos goûts, mais pour moi il n’y a aucun intérêt, d’autant plus que 50 c’est vraiment trop, ça dénature complètement le concept de la machine.
Cartouches
Evercade gagnant surtout de l’argent sur les cartouches, la console essaye de les vendre dès les menus : une entrée est dédiée à admirer sa collection, en listant les cartouches possédées, celles qu’on ne possède pas, celles qui sortent bientôt (mis à jour tous les mois), il y a un petit descriptif de la société et de chaque jeu (y compris ceux qu’on ne possède pas), on peut trier les cartouches par type (arcade, console ou ordinateur) et les jeux par genre, bref c’est vraiment bien fait, et tout est fait pour nous donner envie d’acheter toute la collection, de manière intelligente.
Ce concept de cartouches est d’ailleurs vraiment intéressant, et soyons honnêtes, posséder un artefact physique et légal est le seul intérêt de la machine ; vous trouverez mieux pour moins cher avec de nombreuses machines d’émulation. Mais pour les personnes qui accrochent au concept, Evercade fait les choses bien : des boîtes standardisées, un manuel dans chacune qui explique l’historique des jeux et du développeur, et parfois quelques infos sur le gameplay lorsque c’est intéressant. Les boîtes sont numérotées sur la tranche, ce qui poussera les collectionneurs à acheter aussi celles qui ne les intéressent pas pour ne pas avoir de « trou » ; méfiez-vous si vous êtes facilement influencé par ce genre de chose…
Chaque cartouche coûte 20€ (25 pour les plus grosses qui comportent plusieurs jeux Playstation) et comporte entre 2 et une douzaine de jeux voire plus, mais en général il y en a juste 5 ou 6. Divisées en plusieurs gammes (rouge pour les consoles, bleues pour les ordinateurs, violettes pour l’arcade), elles sont regroupées par éditeur ou développeur (ou en tout cas par ayant-droits) : il y a quelques classiques comme Atari, Namco, Data East ou Technos, mais la plupart sont composées de jeux de développeurs moins connus mais qui conservent parfois une certaine aura, comme Interplay, Gremlin ou Bitmap Brothers, et il y a de plus en plus de cartouches de petits jeux indépendants plus récents ; il n’y a en revanche pas de « gros » éditeur comme Nintendo ou Sega. Il en sort au moins une nouvelle par mois, souvent plusieurs, et il y en a pour tous les goûts, avec un penchant pour la qualité plutôt que la quantité : cela ne veut pas dire que tous les jeux sont bons, mais ils ont tous quelque chose d’original ou d’intéressant, et je n’ai pas vu de jeu véritablement mauvais et sans rien pour le racheter, sauf exception historique comme « c’est le premier jeu du développeur ».
Ce manque de « gros titres » peut en rebuter certains, mais il faut le voir d’une autre manière : les Zelda, Mario et Sonic classiques sont disponibles partout depuis 30 ans, vous y avez déjà joué 100 fois, et cette focalisation (en partie) volontaire sur les éditeurs « alternatifs » vous permet de découvrir des titres méconnus, pas mauvais pour autant, qui n’ont parfois jamais été réédités légalement depuis leur sortie initiale, et que vous n’auriez jamais lancé si vous avez accès à tous les jeux que vous voulez avec les machines d’émulation. Autre avantage de ces sélections réduites et variées, il m’est arrivé plusieurs fois d’acheter une cartouche pour un titre spécifique, et de découvrir de véritables perles qui m’étaient inconnues jusque là, ou d’apprécier des jeux que je n’avais testé que quelques secondes auparavant.
Une console un peu cheap avec un écran minuscule, des contrôles médiocres et peu d’options : si vous êtes un joueur régulier et/ou bidouilleur c’est beaucoup plus intéressant de prendre une machine d’émulation ; mais c’est un choix très pertinent pour les joueurs occasionnels, qui auront une console « clés en mains » et facile à utiliser, ainsi que les collectionneurs. Dans l’absolu la EXP est mieux, mais c’est aussi le double du prix.