Ys IX Monstrum Nox

Ys IX est le dernier jeu Ys (en attendant le X qui devrait être localisé cette année), série datant des années 80, qui suit les aventures d’Adol Christin, un héros aux cheveux rouges qui se laisse balader par le destin de pays en pays, et sauve le monde régulièrement. J’avais beaucoup aimé l’épisode Origin, plutôt apprécié le 8, j’avais donc certaines attentes en lançant cet épisode.

Un point sur la technique tout d’abord, et comme d’habitude avec mes tests, quand c’est au début, ce n’est pas bon signe : sur Switch en mode portable, c’est la catastrophe. Ca rame tout le temps, en permanence, sans arrêt, même quand il n’y a quasiment rien d’affiché, alors que les graphismes sont souvent moins détaillés qu’un jeu PS2. Les objets apparaissent à quelques mètres, les animations sont super cheap, les chargements sont parfois un peu longs, la caméra est complètement fracassée, j’ai eu plusieurs bugs de personnages dupliqués lors des cinématiques, et j’ai subi un plantage. En revanche, les captures qui ponctuent le test sont de qualité médiocre mais ce n’est pas la faute du jeu, qui est plutôt propre.

Mais tout ça est peut-être réglé en jouant sur PS4/5 ou PC, alors qu’en est-il du reste ?

L’histoire n’est pas trépidante : tout juste arrivé dans une ville, Adol se voit accusé de crimes qu’il n’a pas commis, et est jeté dans une prison à très haute sécurité. Après une évasion assez rapide (évidemment), il se cache dans la ville, dont il ne peut pas sortir à cause d’une malédiction qui lui a été infligée au passage (car un malheur n’arrive jamais seul), qui lui permet de se transformer à volonté en un alter-ego appelé « monstrum », et qui l’oblige à lutter contre des monstres dans une sorte d’univers parallèle. Pas du tout intéressant au début, le scénario se complexifie un peu au fil de la progression, mais il a tendance à s’emmêler les pinceaux dans la narration, et je n’ai pas compris grand-chose, particulièrement à la fin où ça tourne au grand n’importe-quoi.

Ys IX est structuré un peu comme les premiers Assassin’s Creed : on se déplace librement dans une grande ville découpée en quartiers, mais seuls certains endroits nous sont accessibles au début, le reste étant verrouillé derrière des barrières magiques, qui sont ouvertes au fil de la progression dans l’histoire. On peut se déplacer quasiment où l’on veut à quelques murs invisibles près, sauter de toit en toit, et grimper aux murs (après quelques heures de jeu), ce qui est une bonne idée sur le papier, mais en pratique beaucoup moins : la maniabilité n’est pas assez précise, le level design un peu trop aléatoire, et surtout cela ne sert qu’à collecter des gadgets inutiles et parler à des tonnes de PNJ qui n’ont rien d’intéressant à dire. Chaque personnage a une capacité unique qui permet d’accéder à de nouveaux lieux, mais ne rêvez pas : certaines capacités sont tellement peu utilisée que le jeu est obligé de rappeler leur existence lorsqu’on en a besoin ! Le héros est également censé se cacher des gardes (rappelez-vous qu’on s’est évadé d’une prison de très haute sécurité), mais pas de souci, on peut se transformer en monstrum devant les soldats sans qu’il réagissent.

La structure des missions est assez répétitive : on se balade en ville pour faire quelques quêtes obligatoires, on va dans la prison en passant par les égouts pour trouver des infos, puis on revient, et on recommence ; étant donné que tous les niveaux se ressemblent un peu, la répétitivité s’installe très vite. Après avoir nettoyé assez de « failles », on doit effectuer une mission de style tower defense similaires à celles du 8, où l’on doit protéger un cristal des attaques incessantes des monstres qui apparaissent un peu partout ; j’ai encore moins aimé cet aspect dans cet épisode que dans le précédent, car c’est encore plus chaotique et bourrin, sans grand intérêt.

Le gameplay des combats est très proche de l’épisode précédent : on contrôle 3 personnages en simultané, et on passe de l’un à l’autre d’un bouton. Chaque personnage a un type d’attaque (tranchante, percutante ou perçante) et chaque ennemi a une faiblesse face à l’un de ces types : pour optimiser, il faudra donc passer en permanence d’un personnage à l’autre, mais la plupart du temps ce n’est pas obligatoire, en tout cas en difficulté normale. On frappe avec les classiques coups faibles et forts, ainsi que des coups spéciaux qui se rechargent au fil du temps, et la caméra se fixe automatiquement sur un ennemi ; ce ciblage est d’ailleurs assez pénible à utiliser pour cibler l’ennemi que l’on veut, j’aurais aimé pouvoir le désactiver.

Comme la plupart des Ys modernes, la difficulté est très accessible : par exemple, lorsque l’on perd contre un boss ou dans un donjon, le jeu propose de recommencer en baissant la difficulté, ou même de continuer en sautant l’obstacle comme si on l’avait battu ! Pour ceux qui souhaitent quand-même jouer, le jeu n’est pas beaucoup plus difficile (en mode normal), plutôt bien équilibré sur la quête principale, qui affiche le niveau nécessaire avant de démarrer une mission (et prévient des passages importants), mais il demande pas mal de grind pour obtenir les matériaux nécessaires à la fabrication des améliorations d’armes : j’ai mis 30h pour faire une grosse partie du jeu (je dirais 80%) mais pas le New Game+.

Je rajouterai que la direction artistique est triste et fade, que la ville est franchement moche avec des textures extrêmement répétitives, qu’on passe un temps incroyable à explorer des égouts gris et moches, que l’extérieur (accessible après beaucoup trop d’heures de jeu) rajoute un peu de vert (terne) mais est toujours assez moche, et que les monstres ont un design (moche) rappelant celui de Bayonetta 3 : vous comprendrez que je n’ai pas vraiment été enthousiasmé par le design du jeu. Au moins les musiques sont correctes, mais pas au niveau du reste de la production Falcom Sound Team JDK.

Ys IX est très décevant : répétitif, moche, au design bancal, et à l’histoire pas très intéressante. Sur Switch il est particulièrement à la ramasse techniquement, mais je ne suis pas convaincu qu’une autre plateforme le rende fondamentalement meilleur.

Verdict : médiocre