Young Souls est un mélange de beat’em up et de hack & slash avec une grosse bonne de RPG, qui semble pensé pour le coop : il utilise le même système que Cat Quest 2, à savoir qu’en solo, on peut passer d’un personnage à l’autre à la volée, d’une simple touche.
Le style graphique est intéressant : les cinématiques mélangent la 2D et la 3D de bonne manière, avec des (rares) cinématiques dynamiques, à tel point qu’on se croirait parfois devant un dessin animé. L’histoire est à l’avenant, bien qu’elle soit parsemée de clichés : des adolescents rebelles sèchent les cours et font de petites frasques dans une petite ville de campagne ; leur père adoptif, scientifique un peu fou, se fait enlever par des gobelins qui vivent sous terre, et passé la surprise d’apprendre l’existence d’un monde entier sous leurs pieds, ils vont massacrer toute la population gobeline pour le sauver, le tout avec beaucoup d’humour, et des personnages plutôt attachants.
Le gameplay est un mélange d’action/RPG classique et de beat’em up : des déplacements en « 2.5D » en scrolling horizontal comme un Final Fight ou Streets of Rage, mais les systèmes habituels de coups faibles et forts, blocages, roulades et sorts d’un action/RPG : c’est simple et pas très imaginatif, mais efficace. Il faut y rajouter le gain d’expérience, de niveaux et d’argent, du loot d’armes et armures que l’on peut améliorer à la forge, bref là aussi une couche de RPG classique. Le levelling est d’ailleurs obligatoire : l’XP est lent à obtenir, les niveaux se méritent, et gagner un niveau peut faire la différence entre se faire botter les fesses et rouler sur le boss ; il est possible de refaire les anciens niveaux si l’on veut grinder, mais ça sera plus utile pour ouvrir les coffres qui étaient inaccessibles jusque là, et looter les objets nécessaires pour améliorer son équipement. Un mot sur ce dernier, car il est relativement varié, et permet de se faire des builds très orientés facilement : utiliser une armure lourde et une grosse hache donnera un tank puissant mais pas très agile par exemple, et il y a également un certain nombre de perks dont certains à débloquer, sans parler du fait que l’on puisse faire un build différent pour chacun des personnages, voire même changer en milieu de niveau ; bref, il y a une certaine profondeur bienvenue.
Les combats sont, au fond, assez simples : il n’y a pas de système de combo, de juggle ou quoi que ce soit, et on se contente de matraquer le bouton d’attaque, les sorts et les roulades ; après une heure de jeu, j’avais l’impression d’avoir fait le tour du gameplay, et l’impression ne s’est jamais dissipée. Même la roulade est difficile à utiliser, car par défaut elle ne « cancel » pas les attaques (ça se change dans les options) ; quand on compare à des beat’em up plus récents comme Streets of Rage 4 ou TMNT Shredder’s Revenge, Young Souls paraît extrêmement plat et basique ! Même Ys, pourtant pas très complexe, parvient à faire mieux, et je ne parle pas de jeux comme Sakuna ou Monster Hunter.
La structure de Young Souls se rapproche d’un dungeon crawler : une ville qui sert de hub pour acheter de l’équipement, et une sélection du prochain niveau, répartis dans 4 zones indépendantes, avec chacune leur style. La ville permettra également de modifier l’apparence et les accessoires des personnages, ainsi que leur faire faire des séances d’entraînement pour renforcer certaines de leurs caractéristiques, à travers un mini-jeu de matraquage de bouton particulièrement nul.
Les niveaux eux-même se rapprochent de ce que l’on trouve dans les beat’em up : plutôt plats et linéaires, avec parfois une porte qui nécessite une clé ou un embranchement ; l’ensemble dessine une carte de la zone, assez rudimentaire. Chaque zone est construite de manière identique : une série de niveaux d’introduction, un embranchement avec des portes qui nécessitent une clé, une impasse dans lequel on trouvera la clé, et on continue son chemin jusqu’au boss final de la zone. Chaque niveau est également construit sur un schéma prévisible : quelques salles avec des mobs de base, parfois des élites, parfois une ou deux salles avec des pièges à éviter, et on termine sur un boss. Chaque niveau possède un portail à l’entrée, qui permet de se téléporter de l’un à l’autre très facilement, ce qui est bien pratique quand trouve une clé qui ouvre des portes rencontrées précédemment, ou que l’on arrive dans un cul-de-sac. Les boss sont du même acabit, et ne tournent qu’autour de trois archétypes : la grosse brute, le ninja rapide, et le sorcier à distance.
Malgré la très grande répétitivité générale, les niveaux sont suffisamment travaillés pour le masquer un peu, et les boss ont suffisamment de variations et de subtilités pour ne pas avoir l’impression de combattre toujours les mêmes, bien que leur qualité soit très variable, avec des « boss à gimmick » particulièrement nazes, ou qui peuvent se cheeser.
L’ensemble n’est pas extrêmement long : le jeu m’a pris 10h en complétant 100% de la carte mais sans obtenir tous les items, en mode facile la plupart du temps ; je pense que j’aurais pu rajouter une poignée d’heures en mode normal.
Malheureusement, la difficulté de Young Souls est plutôt relevée : j’ai choisi la « normale », qui est en-dessous de la difficile « pensée pour le jeu », et pourtant j’ai parfois eu du mal à avancer, malgré la défaite assez permissive : on revient juste au début de l’enfilade de salles actuelle, en perdant uniquement les potions utilisées, et en conservant le loot trouvé. Je dis malheureusement parce que je n’ai pas trouvé le jeu assez profond pour avoir envie de m’y investir, mais il est également loin d’être assez précis pour rejoindre les ténors des « jeux difficiles », et sa difficulté en est plus frustrante quand on perd, que gratifiante quand on gagne : j’avais trop souvent l’impression d’avoir eu de la chance, pas tellement d’avoir mieux joué. Pour la mitiger, il y a plusieurs options : des niveaux de difficulté évidemment, mais aussi des options d’accessibilité qui permettent de régler certaines choses indépendamment : les points de vie et dégâts, un blocage automatique, la possibilité d’annuler une attaque en bloquant, et bien d’autres choses.
Le problème de cette difficulté, c’est qu’elle est exacerbée par une grande friction : la moindre action, comme aller racheter quelques potions avant de repartir, demande une tonne de chargements, ce qui rend pénible une action pourtant anodine et courante, car il faut retourner au marché depuis le choix du niveau, avec au moins 2 chargements pour faire l’aller-retour, et les déplacements pour accéder au marchand. Autre exemple : on peut pas s’équiper au marché où on achète les armes, on doit revenir au choix du niveau pour vérifier son build, et si ça ne convient pas ? Eh bien, refaisons une série de chargements pour retourner au marché.
Le jeu est plein de micro-détails comme ça, peu importants pris indépendamment, mais qui créent un ensemble qui rajoute de la friction inutile. C’est surtout cet aspect qui m’a fait baisser la difficulté, car cela rendait le jeu inutilement punitif, en tout cas sur Switch : le moindre échec se soldait par une série de changements d’écrans fastidieux. Malheureusement, la différence entre la difficulté facile et la normale est trop grande, et la facile est un peu ennuyeuse ; j’aurais presque préféré ne pas avoir le niveau « facile » mais avoir des options d’accessibilité plus fins et complets… ou encore mieux, un jeu plus intéressant et mieux fignolé. Quand je compare à Celeste, Hollow Knight ou Death’s Door, qui sont difficiles mais dans lesquels les essais s’enchaînent de manière fluide, ça fait un peu grincer des dents.
Vous l’aurez compris, techniquement Young Souls n’est pas au point sur Switch : les chargements ne sont pas longs mais sont très, très nombreux : même les écrans de transition censés masquer les chargements ont des temps de chargement ! Et j’ai regardé des vidéos : certains chargements de 2 ou 3 secondes sur Switch n’existent tout simplement pas sur d’autres plateformes. En plus de ça, j’ai subi plusieurs freezes du jeu, je suis tombé dans le vide, le jeu a complètement planté plusieurs fois, j’ai eu des ralentissements à 5fps sur certains combats, et je ne parle pas des mini-bugs d’interface peu importants.
Young Souls a une super ambiance et une histoire un peu originale, mais son gameplay un peu trop basique, son level design un peu trop répétitif et sa technique vraiment médiocre sur Switch le rendent peu recommandable sur cette plateforme. A faire ailleurs, à prix réduit.