J’avais initialement acheté Yonder pour avoir un jeu pas prise de tête, à lancer entre deux sessions de jeux plus complexes. Il a l’illustre honneur d’être le premier jeu Switch que j’abandonnerai par ennui.
C’est un jeu de collection, de crafting, de farming et de balade. On se promène sur une île, on récolte des trucs et des machins, et on rapporte des objets à des gens.
Le but du jeu est de supprimer des « obscurités » (des nuages violets) un peu partout sur l’île pour la sauver. Il y a une dichotomie énorme entre les quêtes principales qui donnent l’impression que tout le monde va mourir si on ne fait rien, et les habitants du monde qui semblent n’en avoir strictement rien à faire.
C’est assez joli (artistiquement) et mignon, mais techniquement, le jeu est à la ramasse totale (joué sur Switch en mode portable). C’est flou en permanence (entre l’effet de profondeur de champ et la résolution très basse), et ça rame souvent. Pourtant le jeu est simple, les modèles sont basiques, et il n’y a pas des milliers d’objets affichés.
Durant le jeu, on s’ennuie beaucoup, il n’y a aucun challenge. Et je ne dis pas ça seulement parce qu’on ne peut pas perdre : il y a beaucoup de jeux qui ne permettent pas de perdre et qui sont quand-même fun. Mais aucun des différents aspects du jeu ne sont motivants ou cherchent à titiller le joueur, et l’enrobage générique et peu travaillé ne donne aucun sentiment.
L’aspect « collection » n’est pas très intéressant. On se balade, on croise un nouvel animal, l’entrée correspondante dans le journal se remplit, et voilà. La moitié des animaux sont juste des changement de couleurs : il y a 7 (sept !) couleurs de renard par exemple.
Il y a d’autres collections, mais le problème principal est que qu’elles ne servent pas à grand-chose (voire strictement à rien), à part remplir des cases.
L’aspect « crafting » est absurde. Vous pouvez acheter la quasi-totalité de ce que vous pouvez crafter. De toute façon vous ne pouvez rien crafter sans avoir déjà eu un plan, et vous n’aurez les plans qu’après avoir acheté l’objet. Quel intérêt d’apprendre à crafter un objet après avoir dû l’acheter ?
Par ailleurs, il n’y a que 2 niveaux de maîtrise de chaque catégorie : novice et maître. Il n’y a aucun palier intermédiaire, aucun sentiment de progression, aucun arbre d’apprentissage. Devenir maître étant une simple affaire de crafter assez d’objets de novice, on peut se contenter de trouver l’objet avec le meilleur rendement, et de le crafter en boucle. Ceux qui ont fabriqué 5000 dagues d’acier sur Skyrim pour apprendre à forger des armes daedriques sauront de quoi je parle.
Construire une ferme n’est absolument pas impliquant : on y met quelques animaux, on part, et on oublie qu’on a une ferme jusqu’à la croiser par hasard. Il n’y a rien à faire dans la ferme, pas de ressources à gérer, pas d’actions à effectuer. Tout se fait automatiquement.
L’aspect « exploration » est fastidieux. Les déplacements sont lents, avec une énorme inertie lors du changement de direction, et on a trop peu de possibilités : pas d’escalade, pas de course… La carte nous oblige souvent à faire d’énormes détours, et les points de « téléportation » sont trop largement espacés. Globalement, le monde est répétitif et plein de vide : on s’amuse à farfouiller et découvrir les décors les premières heures, mais on comprend vite que ça ne sert à rien. Sans compter que les différents environnements sont peu inspirés et très génériques.
Enfin, les quêtes sont composées à 90% de fetch quests ; c’est « FedEx : The Game ». On se contente d’aller chercher un objet et de le ramener à une personne. C’est déjà ennuyeux de base, mais en plus de ça, on n’a souvent aucune indication de l’endroit où chercher un objet. Ça ne serait pas un problème avec un bon level design, mais ce n’est pas le cas. On est donc condamné à jouer avec un wiki ouvert si l’on ne veut pas tourner en rond pendant des heures à chaque quête.
Je passe le manque de finitions qui fait qu’on a parfois l’impression de jouer à une beta pas terminée…
Yonder est un jeu fainéant, mal fini, et ennuyeux. A éviter.