Umurangi Generation est un jeu de photographie. Je ne suis pas photographe, loin de là, mais je m’y suis intéressé il y a quelques années : j’ai donc des connaissances techniques, mais je suis très mauvais artistiquement.
Le concept du jeu est très simple : on se promène dans des zones relativement petites et statiques, on prend les photos correspondantes aux « missions », et on passe à la zone suivante. La photographie est le seul élément de gameplay du jeu : il n’y a pas d’action, pas de possibilité de perdre, rien. Il y a bien un temps limité pour la liste de missions principales, mais c’est uniquement pour compléter les missions secondaires et débloquer des bonus, qui sont d’ailleurs nombreux : objectifs supplémentaires (au sens photographique du terme), réglages de post-traitement, etc.
Tout cela pourrait ne pas paraître très excitant, mais si vous vous intéressez ne serait-ce qu’un peu à la photographie, la construction des missions devrait réellement vous plaire. Elles demandent de photographier des choses bien précises : par exemple, un mot, un ou plusieurs objet, parfois d’une manière précise (avec un objectif spécifique, par exemple). Ces critères sont plutôt libres : certaines missions ne peuvent être remplies que d’une seule façon, mais le plus souvent, il y en a de nombreuses manières de les effectuer, et on va donc pouvoir choisir ses cibles à loisir, selon ce qui nous paraît donner le meilleur résultat esthétique.
Là où Umurangi Generation est une vraie réussite, c’est que ces critères sont soigneusement calibrés pour nous demander d’explorer le monde qui nous entoure : par exemple, trouver un mot en particulier demande de regarder toutes les écritures de la zone, et donc tous les messages. Il arrive que ce soit tellement flou qu’on ne sache pas quoi regarder, comme « un kiwi » par exemple : est-ce le fruit ou l’animal ? Un objet dans le décor, une photo, une affiche, un tag ? Ce qui pourrait sembler frustrant a priori est en fait un point fort : cela nous demande de tout observer, y compris ce que l’on n’aurait pas regardé deux fois en temps normal, et nous fait regarder le monde comme un véritable photographe. Et le déblocage progressif des possibilités (et contraintes associées) permet également aux débutants de s’initier à la photographie, même sans rien y connaître auparavant !
Après avoir terminé toutes les zones, on débloque un « mode créatif » sans contrainte, qui permet de prendre toutes les photos que l’on veut et de faire quelques réglages de l’environnement : heure du jour, brouillard, couleur du ciel ou du soleil, etc. C’est un mode que je trouve tout simplement excellent, et qui me fait relancer le jeu régulièrement afin de chercher des éléments que je n’avais pas encore vu ou des points de vue originaux : l’esthétique du jeu très marquée donne facilement des clichés intéressants, et j’ai réellement le sentiment de progresser en photo à chaque visite. Pour les fans de post-traitement, les réglages sont nombreux (de l’exposition à l’aberration chromatique) et permettent de donner différentes ambiances au même cliché selon son humeur, du flashy au monochrome.
L’histoire de Umurangi Generation se situe dans un futur dystopique à tendance cyberpunk, en Nouvelle-Zélande (pays du développeur du jeu), au milieu d’une invasion de monstres venus d’on ne sait où, contre lesquels le monde se bat sous la coupe des Nations Unies. Le scénario n’est que suggéré dans les 8 niveaux du jeu principal, mais les 4 missions du DLC « macro » (incluses dans cette version Switch) sont bien plus explicites sur le sujet, et composant un prologue, elles permettent de mieux comprendre ce qui se passe. Le tout se termine rapidement : j’ai mis 3h40 pour finir toutes les missions principales, mais compléter toutes les missions secondaires pour tout débloquer sera une autre paire de manches, notamment pour trouver les pellicules cachées dans les niveaux.
Graphiquement, le jeu utilise une esthétique low-poly, un peu typée Playstation 1, avec une direction artistique très affirmée qui tend sur le cyberpunk. Sur Switch en mode portable, la résolution est malheureusement très basse, ce qui est étonnant au vu de ce qui est affiché, en plus de se permettre de ne pas être fluide, et d’avoir beaucoup de popping : c’est un peu honteux, et vous préférerez peut-être y jouer sur PC. Le jeu est aussi souvent trop sombre, et n’a aucun réglage de luminosité ; les photos prises dans le noir sont souvent illisibles une fois enregistrées sur la console, pensez à bien augmenter l’exposition à chaque fois.
Un détail pour terminer : le jeu n’a pas de traduction française, et certains termes ne sont pas toujours très faciles à comprendre. Conservez Google Trad ou Deepl à portée de main !
Avec son esthétique très marquée et ses missions très bien construites, Umurangi Generation pourrait bien faire de vous un meilleur photographe. C’est, au fond, la seule chose que propose le jeu, mais si ça vous intéresse, foncez !