The World Ends With You est un JRPG sorti sur Nintendo DS en 2007, qui obtient rapidement un statut de « cult classic » entre autre grâce à son utilisation ingénieuse du double écran : on y contrôlait deux personnages en simultané sur chaque écran, l’un avec le pavé directionnel et l’autre avec l’écran tactile. Je l’avais assez rapidement abandonné à l’époque car je n’ai jamais réussi à me faire à ces contrôles très particuliers et à devoir regarder à deux endroits en même temps, mais à regret car j’aimais bien l’ambiance et le concept. Je suis donc plutôt content de pouvoir le re-découvrir sur une machine moderne, avec des contrôles un peu moins tordus.
L’histoire était assez originale à l’époque mais a depuis été tellement vue qu’elle est devenue classique : des gens se retrouvent dans une sorte de monde parallèle rempli de démons, et doivent effectuer des missions afin de survivre jusqu’à la fin de la semaine. On débute le jeu sans aucune information ni explication, ce qui n’est pas aidé par le cliché du personnage principal amnésique qui ne sait même pas ce qu’il fait là alors que les autres le savent très bien, mais ne lui expliquent ce qui se passe que par bribes, avec des retournements de situation à chaque chapitre : le jeu ne nous laisse jamais une minute de répit, et c’est toujours très intéressant.
Outre son scénario, The World Ends With You a un autre gros point fort, c’est son ambiance : un style visuel très particulier et très ancré dans les années 2000, avec des arrière-plans aux perspectives impossibles, des looks de personnages improbables (le tout refait en HD sauf les « stickers » qui restent extrêmement pixellisés), et surtout d’excellentes musiques, au style pop-rock-électro Japonaise, très en vogue à la période de sortie du jeu. Je ne peux pas assez insister sur ce point : outre l’originalité de ce style de bande originale dans un JRPG, elle est vraiment très bonne, et je l’écoute régulièrement sur Spotify. Il faut d’ailleurs noter l’effort de Square à ce sujet, car ils ont inclus des versions remixées mais également les originales, plus compressées mais avec un style que je préfère. En revanche, le jeu est bien sous-titré en français mais les voix sont obligatoirement en anglais, il n’y a pas de moyen de mettre les voix japonaises sur une version occidentale.
En terme de construction, TWEWY est extrêmement linéaire sans aucune quête secondaire : on va d’un point A à un point B, on déclenche quelques actions qui ouvrent le chemin vers la suite (en général des combats), et on recommence. Pour les standards actuels, c’est extrêmement basique, mais au moins, le jeu n’est pas très long (ce que je trouve positif) et se termine en 12 heures. En revanche, cette linéarité n’empêche pas de se perdre dans les nombreux quartiers interconnectés, notamment parce que la carte est totalement inutilisable pour se repérer, sans parler du fait qu’on n’a pas de journal de quête ; à noter qu’en attendant quelques secondes et en parlant à son compagnon, il nous rappelle l’objectif en cours : c’est très pratique, mais expliqué seulement au milieu du jeu…
Les combats sont à base de pin’s à équiper, qui donnent des pouvoirs variables : tirer des balles, frapper l’adversaire, projeter des objets, lancer des éclairs, etc. Le tout se pilotait sur l’écran tactile de la DS avec divers mouvements à effectuer, et le pavé directionnel donnait des commandes au compagnon qui nous donnait un coup de main. Cette version « Final Remix » du jeu a été portée depuis la version iOS, et adopte ainsi son gameplay 100% tactile ; un mode utilisant les joycons comme des pointeurs existe, mais je n’ose imaginer à quel point ça doit être injouable. Ces contrôles sont, très franchement, assez mauvais : les actions possibles sont nombreuses (trancher l’ennemi ou le personnage, taper dans le vide, faire des cercles, gratter, etc.) qui ne sont pas très précises sans le stylet de la DS ; il faut également faire des actions tactiles spécifiques pour le second personnage, alors qu’on a justement accès à une croix de direction, contrairement à la version iOS ! C’est un vrai bordel et assez pénible, mais heureusement, il est possible de baisser la difficulté à tout moment.
Toujours intéressant après toutes ces années malgré un gameplay revu largement à la baisse, je comprends maintenant ce qui justifie son aura « légendaire » sur DS : une utilisation intelligente du support, une histoire originale et surprenante, une ambiance et une musique parfaitement calées dans les années 2000, c’était le bon jeu au bon moment. Aujourd’hui il est moins impactant car moins unique, mais encore très bon grâce à son scénario tortueux.