Je n’aime pas Sonic. J’avais une Mega Drive, j’avais évidemment Sonic, j’ai testé les autres épisodes vite fait quand on nous les avait prêté, mais je n’ai jamais tellement aimé ça. J’ai réessayé le premier épisode en version Sega Ages il y a quelques temps, et je l’ai trouvé correct, sans plus. J’ai testé Sonic 2 sur l’atroce Mega Drive Classics avec quelque chose comme 200ms d’input lag, et je l’ai trouvé nul, particulièrement en terme de level design. Mais j’ai vu de nombreux avis positifs sur Sonic Mania de la part de personnes qui n’aiment pas non plus la série : j’ai donc eu envie d’essayer.
Sonic Mania est tout simplement un hommage, une lettre d’amour envoyée aux Sonic de la Mega Drive. Les graphismes respectent très bien les épisodes originaux tout en étant bien plus détaillés, les bruitages en sont souvent directement tirés, les musiques sont des remix qui respectent très bien l’instrumentation si particulière de la console, le design des zones sont parfois de purs copier/coller, les deux types de niveaux bonus sont tirés directement de certains épisodes, il y a de nombreuses références et clins d’œil dans le level design ou en arrière-plan… Et tout cela en apportant sa propre pierre à l’édifice : par exemple, le tout début du premier niveau (le classique Green Hill Zone) est strictement identique à celui du premier épisode, mais il évolue au fil de l’avancée : d’abord de manière subtile avec de nouveaux chemins alternatifs, puis intègre des éléments de la zone équivalente du second épisode, et n’a plus rien à voir sur la fin à la fin.
Ils ont beau être fortement inspirés par les anciens épisodes (pour ne pas dire totalement recopiés par moment), les niveaux sont tout de même bourrés d’idées et changent en permanence, avec de nouvelles mécaniques introduites régulièrement. Ce sont généralement de vrais labyrinthes, comme dans les épisodes originaux : j’ai même eu un time over après avoir exploré un niveau pendant 10 minutes ! Ils sont quasiment tous très bons malgré un peu trop de pics et autres pièges sur la fin, mais en revanche, les boss sont très aléatoires et peuvent aussi bien être géniaux qu’exécrables… ce qui est aussi très fidèle aux épisodes originaux, finalement.
La difficulté est globalement plutôt bien équilibrée, mais un aspect m’agace : la présence d’un système de vies. Oui, c’est « comme à l’époque ». Mais était-ce nécessaire de les conserver, à une période où la plupart des platformers s’en passent sans pour autant perdre leur challenge, comme Celeste par exemple ? Je n’en suis vraiment pas sûr, d’autant plus que l’impact est vraiment limité : quand on perd une vie on recommence au dernier checkpoint, quand on perd toutes ses vies on recommence au début du niveau, quand on perd tous ses continues on revient au menu… mais le jeu sauvegarde automatiquement au début de la dernière zone atteinte. Quel est l’intérêt de conserver ces vies, à part faire perdre un peu de temps en faisant revenir quelques minutes en arrière ? C’est archaïque, et « on a toujours fait comme ça » n’est pas une raison suffisante. Le système aurait très bien pu être optionnel, tout comme il est possible de lancer une partie sans sauvegarde ou à l’inverse de désactiver le « time over ». Les jeux comme Shovel Knight montrent bien qu’on peut conserver une sensibilité rétro tout en utilisant des mécaniques modernes.
La version physique (appelée Plus) inclus le DLC « Mode Bis » avec deux « nouveaux » personnages (qui viennent de SegaSonic, un jeu d’arcade) : Mighty The Armadillo qui peut faire une « attaque » vers le bas au milieu d’un saut, et Ray The Flying Squirrel, qui peut planer quelques instants. Le fonctionnement est totalement différent du jeu « normal » : les niveaux sont « remixés » pour utiliser les capacités de ces personnages (ainsi que Knuckles qui se joint à la fête), mais surtout, ce sont les personnages qui servent de vies ! C’est assez compliqué à expliquer : on contrôle toujours deux personnages à tout moment (on peut passer de l’un à l’autre avec un bouton), et les bonus de vies supplémentaires débloquent les autres personnages, qui passent en « réserve » ; on bascule sur ces personnages quand on perd une vie, ou avec certaines TV qui forcent le changement. C’est une autre manière de refaire le jeu, et plutôt intéressant (même si j’avoue que je n’ai pas eu le courage de tout refaire !).
Sonic Mania est un excellent jeu de plateformes : inventif, varié, avec un excellent level design qui se renouvelle. Il plaira certainement aux fans de longue date de la série, mais surtout, il pourra même plaire à ceux qui, comme moi, ne l’aiment habituellement pas.