Sniper Elite 3 est un jeu d’infiltration et de sniping : loin derrière les lignes ennemies, vous êtes seul pour saboter les installations nazies, éliminer les généraux et rechercher des informations sur leurs plans.
Contrairement au second épisode qui avait de nombreux passages « action » difficiles à éviter, Sniper Elite 3 est très orienté infiltration, avec un petit côté Metal Gear Solid dans lequel Snake serait un meurtrier sanguinaire qui préfère massacrer tout le monde. On va donc passer la majeure partie de notre temps accroupi derrière un muret, à observer les allées et venues des soldats ennemis, rechercher un endroit stratégique pour les éliminer, placer des mines pour protéger notre position, et attendre un événement sonore comme le passage d’un avion ou le raté d’un moteur de camion pour masquer le bruit de notre fusil. Sniper les ennemis est toujours aussi efficace, avec la possibilité d’inclure ou non différents facteurs sur la balistique (gravité, vent…), et la « caméra-balle » qui détaille les dégâts sur les organes ennemis est toujours aussi malsaine et drôle à la fois.
Foncer dans le tas en mitraillant tout le monde n’est pas vraiment une option : le personnage est assez fragile, il s’essouffle très vite en courant quelques mètres (important pour pouvoir stabiliser ses tirs), les munitions sont limitées, et les ennemis sont généralement en supériorité numérique. Dans le genre infiltration, c’est du très classique, mais très efficace, et c’est assez réussi pour qu’on en vienne à être stressé alors qu’il ne se passe rien, lorsqu’un garde passe un peu plus près de nous que prévu et menace notre plan.
Les soldats ennemis nous repèrent toujours d’assez loin en fonction de notre position et de notre couverture, mais un indicateur au-dessus de leur tête permet de bien comprendre ce qu’il se passe : repérage progressif, recherche « curieuse » ou active, attaque, tout est bien indiqué et permet de s’adapter à la situation. L’IA a un comportement très crédible : si l’on tire de vraiment très loin les ennemis n’entendent pas le son de notre fusil ; les soldats commencent leurs recherches seuls et n’ameutent leurs camarades que si la menace se fait réelle, s’ils trouvent un cadavre par exemple ; et ils sortent plus ou moins rapidement de leur couverture lorsque l’on arrête de tirer, selon le nombre de leurs camarades abattus récemment.
Contrairement au précédent épisode, tirer avec le fusil de sniper n’est pas équivalent à lancer un signal lumineux à la ronde, et le repérage ennemi se fait en deux temps : le premier coup leur indique que l’on est dans les environs, le second leur donne notre position approximative, et au troisième ils savent exactement où l’on est et nous chargent. Si l’on se déplace avant qu’ils ne nous repèrent, ils perdent notre trace, ce qui est très ingénieux et permet de faire tout le jeu en mode furtif, mais malheureusement, ça permet aussi d’exploiter les failles de l’IA : on snipe un ennemi, on se déplace jusqu’à « désactiver » l’indicateur de position, et on recommence jusqu’à avoir éliminé le régiment. Cela dit, se faire repérer n’est pas une fatalité, et il est possible de s’échapper et de se cacher avant reprendre notre approche.
Les huit niveaux de Sniper Elite sont assez vastes et tortueux, avec toujours plusieurs approches possibles pour accéder à sa cible, des nids de sniper à des endroits stratégiques, et quelques passages un peu cachés pour prendre l’ennemi à revers ; terminer une mission peut facilement prendre une bonne heure. C’est tout de même un jeu de calibre « moyen » de la génération Xbox 360/PS3, et comme à l’époque, on est souvent bloqué par des murs invisibles, même quand on a l’impression de pouvoir franchir certains obstacles, ce qui est assez frustrant quand on a pris l’habitude de jeux plus modernes comme Zelda BotW ou Assassin’s Creed Odyssey. Si vous prenez le temps de fouiller, des collectibles un peu inutiles peuvent être trouvés un peu partout, mais surtout, vous pouvez débloquer des objectifs secondaires : trouver un entrepôt d’armes vous demandera de tous les trouver et les détruire, par exemple.
Au début de chaque mission, il est possible de choisir son équipement parmi un choix plutôt large : fusil de sniper, mitraillette, pistolet, grenades, mines, bandages, mais aussi de personnaliser son fusil en changeant la lunette, la crosse, le canon, etc. De nouvelles armes et améliorations sont débloquées régulièrement en gagnant de l’expérience, en terminant des missions, et en trouvant des collectibles, mais cette version « Ultimate » qui inclut tous les DLC en débloque un certain nombre dès le début, ce qui rend la recherche du 100% assez inutile, car on a accès à d’excellentes armes dès le début du jeu.
L’histoire est totalement inutile et banale, avec un grand méchant qui veut construire un char géant (encore une inspiration de Metal Gear Solid), mais le manque total de scénario à part « trouver et abattre le général », le personnage cliché « badass » au point d’en être ridicule, et le ton du jeu qui se prend beaucoup plus au sérieux que l’épisode 2, le rendent nettement moins fun : j’avais adoré sniper un missile en plein décollage, ou un commandant terrifié qui se cachait dans sa tour inaccessible en nous insultant, mais il n’y a rien de ce genre ici, uniquement des soldats génériques et un méchant que l’on croise deux fois. De même, on va toujours sniper des tanks, mais on ne les détruit plus d’un seul coup : c’est plus réaliste, mais moins rigolo.
Techniquement, Sniper Elite 3 est très propre et a bien vieilli, et même si les environnements d’Afrique du Nord ont tendance à beaucoup se ressembler avec beaucoup de jaune sableux, et quelques missions de nuit où tout est gris/marron, ça a le mérite de varier une mission sur deux. On ressent le fait que le jeu date de la génération précédente, dans la simplicité des décors ou la raideur de certaines animations, mais cela lui permet d’être parfaitement adapté à la Switch, et fluide en toutes circonstances.
Le jeu n’est malheureusement pas exempt de défauts : je noterai un positionnement du son au casque assez mal fait (on a souvent l’impression que les ennemis sont juste à côté alors qu’ils sont loin), ou des petits bugs comme des ennemis bloqués dans le décor, qui disparaissent subitement, qui fusionnent, etc. Mais le plus gênant, ce sont les (rares) moments où le tir ne part pas sans que l’on comprenne pourquoi, et surtout, les ennemis qui ne sont pas touchés alors qu’ils étaient immobiles avec le réticule de visée sur leur tête, ce qui arrive rarement, mais trop souvent quand-même. Je regrette également qu’il n’y ait aucun civil sur les cartes, les usines fonctionnent toutes seules avec les gardes qui se promènent à côté des machines, mais c’est un détail.
Il y a également des modes multijoueur en ligne, en coop ou en versus à 4 contre 4, mais je ne les ai pas testé.
Sniper Elite 3 marie avec brio infiltration et sniping, et réussit à corriger la plupart des problèmes de son prédécesseur, sauf le ton, devenu beaucoup trop sérieux.