Sky Force Reloaded est un shoot’em up (shmup), portage d’un jeu mobile free to play. Je sais que ça fait toujours peur, mais restez un peu, c’est pas si mal.
Si vous voulez vous faire une idée du gameplay, vous pouvez déjà l’essayer sur votre smartphone. Il est plutôt pas mal.
Sur la version free to play, la limitation principale, c’est que vous devez attendre un certain temps IRL avant qu’une amélioration soit effective.
Ce qu’apporte la version payante Switch, c’est que les améliorations sont immédiates, et ça change tout. Parce qu’au lieu de lancer une amélioration et couper le jeu, vous pouvez enchaîner et réessayer un niveau en boucle sans temps mort, et ainsi réellement progresser.
Le reste du jeu est globalement identique. On peut regretter que le jeu passe de mode TATE (avec le smartphone tenu verticalement) à horizontal, et que les stages aient été adaptés au minimum : les côtés sont vides. Pas des bandes noires, juste du décor vide, ou des nuages. C’est dommage parce que ça crée souvent des « safe spots », là où le jeu en mode vertical a des tourelles aux extrémités de l’écran par exemple, on peut maintenant passer derrière. C’est pas très grave, c’est juste un peu dommage, mais j’imagine que ça aurait nécessité de revoir tous les niveaux en profondeur, et donc de refaire le jeu. J’aurais peut-être préféré qu’il reste en mode TATE.
Si vous n’avez pas ou ne voulez pas essayer le jeu en free to play : c’est un shmup qui me semble très compétent, bien que je ne sois pas un expert du genre.
Les niveaux sont moyennement variés, on visite beaucoup de déserts, de canyons, d’usines dans le désert, de forteresses dans un canyon, etc. On a parfois l’impression d’être revenu dans un niveau précédent quand on en découvre un nouveau.
Les ennemis sont un peu plus variés mais pas beaucoup : il y a beaucoup d’avions en formation (de différentes couleurs), de tanks, de tourelles, d’hélicoptères, etc, avec parfois une araignée mécanique, ou une tourelle qui tire de manière un peu différente. Ca manque d’originalité et de folie.
Ce manque de variété est certainement le plus gros défaut du jeu, mais les situations, placements et patterns sont assez variés pour que ce ne soit qu’un « problème visuel » : niveau gameplay, ça évolue correctement.
Le jeu comprend 13 niveaux, plus 3 « bonus ». Il y a également un niveau « tournoi » chaque week-end, de style « néon » épuré.
Ils se débloquent de manière linéaire, mais une fois débloqué, on peut passer de l’un à l’autre à n’importe quel moment.
Chaque niveau a 4 objectifs : détruire 70% des ennemis, 100%, sauver tous les humains, et ne pas se faire toucher. Une fois tous les objectifs remplis (pas nécessairement lors de la même partie), le niveau débloque un mode de difficulté supplémentaire.
Il y a 4 niveaux de difficulté au total. Chaque niveau rend les ennemis plus résistants, ils tirent plus vite, etc.
La plupart des niveaux ont un boss de fin, mais certains ont juste des vagues d’ennemis particulièrement hargneuses.
Simplement terminer le niveau permet de passer au suivant, mais vous ne pourrez probablement pas terminer tous les niveaux d’une traite sans en refaire certains, voire la plupart.
Les niveaux sont bien construits, avec un rythme dans les vagues d’ennemis, leur placement est intelligent, etc. Je ne m’étale pas sur le sujet, mais ne vous y trompez pas, c’est vraiment une grosse force du jeu : les niveaux sont agréables à parcourir, les niveaux de difficulté plus élevés demandent une certaine compétence pour être terminés, et on n’a jamais l’impression de perdre sur une traîtrise du level design.
Ils doivent cependant être plus ou moins appris (pas forcément par coeur) car certains passages nécessitent un enchaînement d’ennemis spécifique pour ne pas se faire rapidement déborder.
La particularité de Sky Force, c’est qu’il a une composante « RPG ». Dans les niveaux, en détruisant les ennemis vous récolterez des étoiles. Celles-ci vous permettront d’améliorer votre vaisseau : plus de vie, tir plus puissant, missiles, etc.
Il y a de nombreuses choses à faire et débloquer : des cartes de boost (temporaire ou définitif) trouvées aléatoirement ; des techniciens qui donnent des bonus spéciaux, des vaisseaux avec différentes stats, des trophées, etc.
Il y a 9 vaisseaux à débloquer en trouvant des pièces dans les niveaux, avec des caractéristiques spéciales, qui permettent de s’adapter à différents objectifs.
Avec l’augmentation constante de la difficulté des niveaux, le grind est obligatoire pour pouvoir progresser. Il est par exemple impossible de détruire 100% des ennemis du premier niveau sans améliorer ses armes.
La bonne nouvelle, c’est que le grind se fait assez naturellement, pour peu que vous cherchiez à valider les objectifs. Etant donné que vous n’y arriverez probablement pas du premier coup, vous allez refaire plusieurs fois le niveau, et donc gagner autant d’étoiles (que vous conservez si vous perdez).
Personnellement, j’ai tendance à faire des allers et retours dans les niveaux : j’en débloque un, je reviens sur le précédent pour valider des objectifs en facile, je reviens au début pour valider des objectifs en difficile, je retourne sur le dernier pour valider des objectifs en facile, etc. Juger ce qui nous est accessible à un moment donné permet de ne pas rester bloqué sur un niveau, car le mode difficile du niveau 1 est plus facile que le mode facile du niveau 4 par exemple.
L’inconvénient de ce système, qui ne plaira peut-être pas aux aficionados du genre, c’est que ça lie la progression dans les niveaux aux améliorations de votre vaisseau, et pas à vos compétences… même si celles-ci sont quand-même mises à l’épreuve, surtout dans les modes de difficulté élevées. Mais même avec le meilleur skill du monde, vous ne pourrez parfois pas détruire les ennemis assez vite pour pouvoir terminer un niveau. Vous progresserez en revanche probablement beaucoup plus vite qu’un joueur lambda.
L’autre conséquence de ce système de progression, c’est que le début est un peu mou. Les 2-3 premiers niveaux en mode facile sont franchement assez chiants, il faut chercher à débloquer les niveaux de difficulté suivants rapidement.
Par la suite, ça s’énerve assez vite, avec des ennemis qui arrivent de partout et des écrans remplis de tirs.
Quand on commence à avoir un vaisseau puissant, il devient assez plaisant de repasser dans les premiers niveaux pour valider les objectifs des niveaux de difficulté plus élevés.
Côté graphismes, c’est plutôt joli, propre et sans aliasing, et c’est très fluide (en mode portable), mais je n’ai pas un oeil qui compte les FPS. Je n’ai pas noté de ralentissement ni de freeze.
Les musiques sont « moyennes + » : elles ne sont pas désagréables, restent parfois en tête, mais on n’ira pas les chercher sur Spotify. Elles manquent de patate, ce qui est dommage pour ce genre de jeu. Les bruitages sont « moyens -« , sont assez génériques et manquent de pêche.
En notes diverses : il y a un mode coop local.
Le jeu manque globalement de feedback sur les impacts, notamment sur notre vaisseau, et il arrive fréquemment d’être détruit sans s’être rendu compte qu’on s’était fait toucher.
Il y a parfois (c’est assez rare) un manque de visibilité, avec des projectiles masqués par des étoiles.
On ne peut pas réessayer un niveau directement après avoir perdu, on doit forcément repasser par le menu.
Il y a des leaderboards en ligne, mondiaux, par pays, et avec vos amis. L’accès aux leaderboards ne nécessite pas d’abonnement online.
Malgré l’addictivité du jeu, qui permet de progresser « encore un peu » à chaque partie, il devient nécessaire de grinder à mort sur les derniers niveaux, et le jeu en devient d’autant plus lassant. Les niveaux deviennent exponentiellement difficiles, et la progression ralentit jusqu’à se traîner péniblement sur les 2 ou 3 derniers niveaux. Un moyen artificiel de prolonger la durée de vie, hérité de la version free to play, qui aurait mérité un peu de rééquilibrage.
Sky Force Reloaded est un jeu pour ceux qui aiment à la fois les shmups et le grind, et pour ceux qui n’ont pas de souci avec le fait que leur progression soit limitée autant par les capacités de leur vaisseau que par leur skill.