Avertissement : les vidéos que vous voyez dans cet article sont très compressées, avec beaucoup d’artefacts, et ne rendent pas justice au jeu, qui a un rendu très propre. La Switch a beaucoup de mal à effectuer des captures de qualité, particulièrement pour les jeux de course : les captures de GRID Autosport ont le même problème, par exemple.
Rush Rally est une série de jeux de course codée par une seule personne, et qui vient du mobile, mais ne partez pas tout de suite ! Alors que le premier (et son remake Origins) était en vue de dessus, le style de ce troisième épisode fait penser aux simulations de rallye des années 90/2000, en particulier les premiers Colin Mc Rae sur PS1 et PS2 : voilà de quoi raviver des souvenirs.
Gameplay
La conduite est assez arcade, pas vraiment réaliste mais pas trop basique non plus, et parfaitement adaptée à la Switch, qui n’a pas de gâchettes analogiques : elle propose un bon compromis entre l’accessibilité et la subtilité, avec de vraies différence de conduite entre les surfaces (asphalte, gravier, neige…), et il faudra rester concentré pour ne pas se planter, d’autant plus que le jeu ne permet pas de rembobiner. Les voitures ont des comportement sensiblement différents : ce n’est pas le jour et la nuit, mais on sent bien la différence de poids et de puissance entre chacune, et il faudra les essayer pour trouver celle qui vous convient le mieux, particulièrement dans les classes les plus puissantes, qui changent la manière d’aborder le jeu : la vitesse fait ressentir différemment tous les pièges des circuits, les dévers, les crêtes piégeuses avant les virages, les bosses, etc.
Fondement de la course de rallye, Rush Rally 3 gère les dégâts (pas tellement visuellement) qui peuvent modifier le comportement du véhicule : tapez une roue sur un rocher, et la voiture dérivera. Malheureusement, cette gestion est assez aléatoire : d’un côté les roues deviennent ruinées après avoir roulé quelques centaines de mètres dans le bas-côté, d’un autre côté, si vous frappez un arbre de plein fouet et que vous ruinez votre moteur, vous n’aurez qu’une perte de puissance. L’IA ne semble pas non plus impactée par les dégâts, et elle continue de rouler à fond de train dans toutes les épreuves alors que notre propre voiture tousse, crache et râle. A la fin d’une épreuve sur deux, il est possible de réparer certaines pièces avec une limite de temps, mais là aussi la gestion est étrange : ce sont de simples curseurs, et on peut réparer par exemple 23% de la boîte de vitesse, ou 46% des roues, comme si on pouvait recoller de la gomme dessus plutôt que de les changer.
Contenu
Les 23 voitures sont « inspirées » (pour ne pas dire copiées) de modèles réels, plutôt des années 80/90 : de la MG Metro à l’Audi Quattro en passant par la BMW M3, la Peugeot 205, la Subaru Impreza, la Mitsubishi Lancer, la Ford RS200, les Lancia Delta et Stratos, etc. Il faudra les acheter avec l’argent gagné lors des courses, et il est également possible de les personnaliser : non seulement les pièces mécaniques, mais aussi esthétiquement, avec un éditeur de livrées assez complet, et même la possibilité de changer le tableau de bord ! Type et position des indicateurs, fond, information affichée, tout est modifiable, si vous voulez vous sentir dans l’habitacle comme chez vous. Comme dans Forza, certaines pièces permettent de débloquer des réglages : achetez une suspension de course, et vous pourrez régler l’amortissement et la détente. Les réglages sont assez poussés, ce qui semble peu utile au vu du gameplay plutôt arcade, mais on ne peut pas changer le type de pneu ! Dommage, ça aurait donné une dimension stratégique en début de rallye.
Rush Rally 3 fonctionne sur un mode carrière typé Forza/Gran Turismo : on pioche comme on le souhaite dans une liste de modes de jeu et d’épreuves, on gagne de l’argent qui permet d’acheter et d’améliorer les voitures, ce qui nous permet de participer à des épreuves nécessitant des véhicules plus puissants. Différents modes sont disponibles : carrière pour enchaîner les rallyes ; rally cross sur des circuits fermés contre des concurrents ; « jeu d’adresse » où l’on tourne autour de plots ; et divers modes de jeu rapide, plus un mode multijoueur, que je n’ai pas essayé. Seul le mode rally cross permet d’affronter des concurrents « en direct », et on ne double pas les traînards dans les spéciales : dommage, c’est un aspect que j’apprécie. Un bémol sur l’IA, inégale avec des gros pics de difficulté sur certaines épreuves (souvent la dernière) : je passe régulièrement de 10 secondes d’avance à 10 secondes de retard, en pilotant toujours pareil.
Les environnements sont relativement variés, et les circuits plutôt intéressants : forêts, montagnes, lacs, boisé ou désertique, en relief ou plat, avec des dévers, des sauts, des virages traîtres, des chicanes, de grandes lignes droites suivies d’épingles, etc. En revanche, les décors tournent un peu trop souvent autour des chemins en forêt : il n’y a aucun circuit au milieu des champs, aucun bâtiment aux alentours, aucun tunnel, et très peu de ponts : bien malin qui saura distinguer l’Allemagne de l’Angleterre d’un seul coup d’oeil. Les seules exceptions sont les deux environnements ajoutés par des patchs : l’Australie et ses paysages désertiques, le Kenya et ses animaux sauvages, et le Japon et ses cerisiers en fleurs. Les circuits étant générés de manière procédurale (pas aléatoire, mais ils ne sont pas créés à la main), ils manquent de détails qui les distinguent, ou de passage impressionnant : quand on compare à V-Rally 4 qui, malgré tous ses défauts techniques, propose des moments mémorables, on sent qu’il manque quelque chose d’excitant.
Technique
Graphiquement, Rush Rally 3 ne vous fera pas vous relever la nuit : entièrement créé par une seule personne, originaire du smartphone et utilisant un moteur maison, c’est assez simple et parfois un peu basique, à peu près du niveau d’un jeu PS2 ; au moins, c’est adapté à la Switch et ça tourne à 60fps sans trop de souci, contrairement à V-Rally 4. Le jeu affiche tout de même quelques effets sympathique : la nuit est plutôt bien faite avec l’éclairage dynamique des phares, et la météo est également de la partie. Le plus étonnant est, comme sur Origins, les réglages disponibles, portés tels quels depuis la version smartphone : vous pourrez réduire ou augmenter les détails selon vos envies, et faire ainsi ramer le jeu ; dommage qu’il n’y ait pas des réglages fixes et un moteur plus optimisé.
Enfin, un point notable à relever : le jeu reçoit encore des mises à jour, la dernière de juin 2022 (3 ans après sa sortie) rajoutant des voitures et des environnements, avec des DLC en cours de développement. Le développeur (@RushRally) est à l’écoute des joueurs et sait réagir en fonction de leurs remarques : c’est très agréable.
Rush Rally 3 est un très bon jeu de course, dans son style de niche : arcade mais pas trop, qui redonne des sensations des vieilles pseudo-simulations, un genre trop peu représenté de nos jours.