Légende du shmup arcade, le premier R-Type est sorti en 1987, en même temps que After Burner 2, et l’année suivant Salamander/Life Force et Fantasy Zone. Le second épisode sort dès l’année suivante, la même année que Gradius 2/Vulcan Venture. Ils marqueront toute une génération d’amateurs de shmups avec leurs graphismes détaillés à inspiration organico-mécanique de type HR Giger (Alien), leurs très bonnes musiques, leur gameplay complexe et méthodique, et leur difficulté absolument démentielle.
Tout d’abord, parlons du travail effectué sur ce remake, car il est notable : il est possible de jouer avec des graphismes refaits en 3D (avec divers filtres « rétro »), ou avec les graphismes originaux en mode 4/3 ou 16/9e, et il est possible de basculer d’un mode à l’autre à tout moment d’une simple touche, comme dans Halo CE Anniversary. En revanche, je trouve certains passages du mode 3D plutôt ratés, je regrette le manque de filtre rétro (scanlines) pour le mode 2D, et il n’y a pas de possibilité de dissocier par exemple nouvelles musiques et anciens graphismes comme dans Wonder Boy Dragon’s Trap.
Un gros travail été également effectué sur l’accessibilité : il y a un mode « vies infinies », un bouton pour l’auto-fire, et même une touche (« – » sur Switch) pour récupérer toutes les améliorations immédiatement, ce qui permet d’un tout petit peu moins rager. Il y a également un manuel assez détaillé pour expliquer le gameplay, mais vous pouvez malheureusement oublier toute forme de bonus comme des artworks.
Le gameplay est complexe, avec un module qui tire et sert de bouclier, que l’on peut accrocher au vaisseau à l’avant pour augmenter la puissance de feu, à l’arrière pour tirer en arrière, et projeter en avant ou en arrière pour détruire les ennemis ou les obstacles. On se construit un arsenal de divers tirs, missiles et options au fil des powerups ramassés, que l’on perd un par un à chaque mort, et non pas tous en même temps comme dans Gradius, mais c’est la seule et unique concession à la difficulté.
Le problème principal de R-Type, c’est sa difficulté totalement délirante, même pour un jeu de l’époque. Les powerups sont rares, la vitesse de base est très basse, tendance Gradius gériatrique, alors qu’on a constamment besoin de slalomer à toute vitesse entre les innombrables ennemis et leurs tirs, mais aussi de naviguer lentement pour ne pas taper les murs et obstacles un peu partout. Tout comme Gradius, et il est impossible d’avoir une chance de terminer le jeu si l’on ne réussit pas à conserver un minimum d’améliorations : plus vous perdez, plus vous perdez. Et encore plus que Gradius, il faut apprendre le jeu absolument par cœur : dans certains passages, les ennemis apparaissent à l’infini et créent des « murs » infranchissables si vous n’êtes pas déjà passés avant qu’ils arrivent. Rajoutez des boss souvent totalement inintéressants qui sont de simples épreuves d’endurance, et aucun réglage de difficulté à part le mode « infini », et vous avez un jeu qui est plus souvent frustrant qu’autre chose. Les amateurs de difficulté aberrante seront aux anges, les autres, pas tellement.
R-Type était très marquant à l’époque, et cette version Dimensions propose un travail très correct sur le remake/remaster, mais il est absolument infâme à jouer aujourd’hui.