Durant ma jeunesse passée dans un village de montagne, j’aimais me balader seul en VTT dans les chemins au-dessus de chez moi pour explorer les environs, grimper les sentiers et descendre les ravins. Lonely Mountains Downhill me permet de revivre ces sensations, d’une manière bien plus extrême puisque je n’ai jamais fait de descente à toute allure en sautant au-dessus de précipices.
Lonely Mountains Downhill commence lorsque l’on enfourche son vélo au sommet d’une montagne, et l’on a d’autre choix que de redescendre au camp de base à son pied, en passant par des chemins plus ou moins raides, tortueux et accidentés. Le jeu est découpé en quatre montagnes ; chaque montagne a quatre pistes, chaque piste a quatre épreuves, chaque épreuve a entre un et quatre défis, et l’on débloque le tout petit à petit. L’épreuve d’exploration permet d’explorer à loisir sans contrainte ; l’un des défis « faciles » permet de débloquer la piste suivante ; les défis « experts » débloquent des choses facultatives ; et le mode « freeride », sans contraintes mais sans checkpoint, permet de débloquer le mode nuit, qui rajoute encore trois défis pour débloquer, encore une fois, des choses facultatives.
Vous l’aurez compris, le contenu est vaste, les défis sont nombreux, et surtout, ce découpage permet une très bonne montée en difficulté : débloquer les pistes ou les montagnes suivantes est généralement plutôt facile si l’on fait un peu attention, chaque défi peut se faire indépendamment des autres, et la succession d’épreuves permet de bien mémoriser le tracé dans les premières pour faciliter les épreuves suivantes. Au bout de quelques descentes, on prend sans réfléchir tous les raccourcis d’une piste qui nous paraissait impossible à terminer lors des premiers essais, puis on réessaye avec un autre VTT, car ils sont tellement différents les uns des autres qu’ils changent totalement la manière d’aborder les pistes.
Les tracés sont également bien progressifs : de plus en plus raides, étroits et sinueux, avec de plus en plus de sauts, de ravins, de rochers et d’arbres en bord de piste. Mécaniquement, c’est du « die & retry » : on avance, on tombe, on va un peu plus loin, on retombe, on réessaye, on cherche un raccourci… Mais ce qui le démarque de la plupart des jeux du genre, c’est cette difficulté « adaptative » qui permet d’avancer à son rythme : les seuls défis obligatoires pour progresser sont plutôt faciles, le reste débloque surtout du cosmétique, et on s’améliore sans cesse à trouver de nouveaux raccourcis ou de nouvelles manières de franchir un passage, d’autant plus que chuter fait simplement revenir au checkpoint précédent sans pénalité et en reculant le chronomètre. On peut même désactiver les défis que l’on ne cherche pas à faire pour avoir encore moins de pression.
Par conséquent, Lonely Mountains Downhill n’est pas du tout stressant, et même plutôt relaxant malgré les très nombreuses gamelles qu’on se prend, surtout quand on commence à bien connaître les pistes qu’on dévale de plus en plus vite. Les sensations de glisse sont très bonnes et le jeu est fort en émotions, quand on réussit enfin à franchir un passage compliqué et qu’on est à deux doigts de se vautrer à l’arrivée. Le mode nuit est particulièrement réussi : on descend à la lumière d’un pauvre phare de vélo qui n’éclaire quasiment rien, c’est terrifiant et excitant à la fois, et il vaut mieux connaître le tracé par cœur si vous voulez prendre des raccourcis.
Chaque tracé est composé d’une « piste principale » bien balisée et relativement facile à descendre mais très lente, et d’une infinité de raccourcis pour aller plus vite en prenant plus de risques. Il y a des raccourcis absolument partout : certains permettent juste de couper un virage et de gagner une ou deux secondes, d’autres sont carrément des tracés alternatifs à travers les sapins et les ravins, qui font gagner beaucoup de temps mais sautent parfois les checkpoint et sont donc bien plus risqués. Si on le souhaite, on peut passer des heures à explorer chaque recoin d’un pan de montagne, refaire 50 fois un passage pour se rendre compte qu’il fait perdre du temps, ou bien tomber par hasard sur un saut qui en fait gagner beaucoup. Certains raccourcis sont très bien suggérés, avec des rochers d’un certain style ou une piste un peu effacée, mais d’autres sont très bien cachés, d’autant plus que la caméra se joue de nous à sans cesse zoomer, dézoomer, et montrer des bouts de pistes inaccessibles dans un coin de l’écran ou un saut au-dessus de nous, pour qu’on se demande comment on peut y accéder, remonter, et chercher un passage à travers les bois et les rochers. Par conséquent, le jeu se prête assez peu aux petites sessions espacées parce qu’il faut tout mémoriser, et on est vite largué après une grosse pause.
Les contrôles sont assez simples : accélérer, sprinter, freiner, tourner, et c’est tout ; il n’y a pas de contrôle des masses, tout se fait automatiquement. Je suppose que les gâchettes analogiques sur PS4/Xbox One permettent un contrôle plus fin, mais les gâchettes “on/off” de la Switch ne posent pas de souci. Le principal problème de la maniabilité est la caméra, avec une perspective parfois trompeuse qui donne souvent l’impression de pouvoir passer juste avant de se manger un rocher, sans parler des éléments de décor en avant-plan qui masquent la piste, jolis mais pas très pratiques. Ces petits problèmes sont mis en avant par un moteur physique un peu… aléatoire : généralement très bon et agréable à manier, il arrive que l’on se crashe en touchant un rocher quasiment à l’arrêt. Il y a quelques bugs avec le vélo qui a parfois des comportements étranges dans les situations extrêmes, et je suis déjà passé à travers le sol. J’insiste bien cependant : ces bugs du moteur physique sont assez rare et n’arrivent quasiment jamais en descente « normale », mais il ne faut pas s’attendre à la perfection de ce côté-là.
Lonely Mountains Downhill utilise une esthétique « low poly » pastel très marquée et très réussie, ce qui ne l’empêche pas d’être beau et bien détaillé : les abords de la piste sont chargés de sapins, de rochers, de plantes, de fleurs, d’oiseaux qui s’envolent sur notre passage, on croise des cours d’eau, des cascades et des lacs… Les montagnes sont inspirées de vraies chaînes de montagnes Américaines comme Columbia Mountains, Sierra Nevada, Cascade Range, ou Rocky Mountains, avec chacune un style mais aussi des caractéristiques différentes : par exemple, la montagne inspirée de la Sierra Nevada a très peu d’arbres, beaucoup de passages étroits et de sauts, et la descente se fait « en escaliers ». L’ambiance est tout aussi travaillée que le gameplay et les tracés : elle change au fil de la descente, les arbres se densifient, les cascades deviennent des ruisseaux, les chants d’oiseaux changent en fonction de la montagne et de l’altitude, les points de vue permettent d’admirer les décors… On s’y croit vraiment, d’autant plus qu’il n’y a aucune musique, et qu’on n’entend que le bruit des roues, le vent, les oiseaux et les cours d’eau : c’est nous contre la montagne, et rien d’autre.
Techniquement en revanche, sur Switch en mode portable, le jeu n’est pas parfaitement fluide : il semble y avoir un problème de frame pacing, et de temps en temps, des micro-freeze d’une fraction de seconde ; ce n’est pas fréquent, mais quand on se prend un rocher à cause de ça, c’est un peu rageant. Il y a également beaucoup de popping d’ombres, c’est très visible sur les vidéos mais beaucoup moins en jeu car on est concentré sur le vététiste. Le jeu reste quand-même parfaitement jouable, mais si ce type de problème vous incommode et que vous en avez la possibilité, préférez y jouer sur un autre support.
Débloquer les pistes et les montagnes se fait en à peine 4 heures, mais multipliez par 3 ou 4 pour terminer tous les défis. Il y a un système de « succès/trophées » intégrés dans le jeu pour les complétionnistes, mais ils ne servent à rien.
Malgré son gameplay typé « die & retry », Lonely Mountains Downhill est presque relaxant, notamment grâce à son ambiance extrêmement travaillée et sa difficulté qui permet de progresser à son rythme. C’est un vrai plaisir de slalomer entre les sapins, couper les sentiers, sauter par-dessus les ravins, se croûter violemment, et recommencer.