Live A Live est le remake d’un RPG sorti sur SNES en 1994, et jamais officiellement localisé jusqu’ici.
La particularité et l’originalité du jeu, qui aura sans doute inspiré Octopath Traveler, est que l’on suit plusieurs histoires indépendantes, au nombre de 7 au départ. Celles-ci, plutôt courtes (souvent moins de 2h) se déroulent chacune à une période différente, de la préhistoire au futur lointain, en passant par le Japon féodal ou le présent. Chacune étant pensée par un designer différent, elles ont non seulement une ambiance forte, unique et toujours réussie, mais également des systèmes différents : par exemple le présent est une série d’affrontements typés Street Fighter sans vraiment d’histoire, tandis que le Japon permet d’infiltrer une place-forte en évitant tous les combats. Il est possible de mettre n’importe quel chapitre en pause pour en changer si l’on est bloqué, mais ils sont tous indépendants : on peut les faire l’un après l’autre, dans l’ordre que l’on veut. Une fois qu’ils sont tous terminés, deux derniers chapitres sont débloqués pour les faire se rejoindre, bien que ce soit fait de manière peu élégante.
Ce découpage donne parfois l’impression de jouer à plusieurs « petits » jeux en un, et c’est ce qui fera que Live A Live vous plaira ou non : personnellement j’ai beaucoup aimé papillonner ainsi d’un style à un autre, mais d’autres seront sans doute rebutés de ne pas avoir un ensemble plus cohérent.
Le système de combats, en revanche est toujours identique : les personnages se déplacent sur une grille afin d’éviter les coups ennemis et de pouvoir placer ses propres attaques, qui ont tous un « schéma » différent : au corps à corps ou à distance, en diagonale, etc. Le tout se déroule dans un système de tour par tour quasi-simultané : les personnages, alliés comme ennemis, ont une barre qui se remplit à chaque déplacement ou « fin de tour », et leur ordre de déplacement dépend de leur vitesse ; une fois la barre pleine, le personnage peut déclencher une action, qui demande parfois un temps de chargement supplémentaire pour les attaques les plus puissantes, pendant lequel on reste vulnérable. Ce système est original et très intéressant : à la fois plus tactique que du temps réel, et plus dynamique que du tour par tour ou de l’ATB (en tout cas l’ATB de l’époque), c’est une vraie réussite. Autre concept très moderne, il n’y a pas de points de magie ou autre, les actions plus puissantes prennent simplement plus de temps à s’exécuter, mais on peut les effectuer en boucle ; de même, la vie se remet à fond à la fin de chaque combat, il n’y a donc pas besoin de micro-manager son inventaire ni de revenir en ville stocker des potions toutes les 15mn : quel bonheur !
Malgré cette sensation de modernité, Live A Live reste assez old school dans sa construction : c’est le style de RPG à l’ancienne qui nécessite de suivre une solution si l’on ne veut pas perdre des heures à tourner en rond à essayer de parler à tout le monde et de fouiller partout pour pouvoir avancer, malgré les objectifs correctement indiqués, et les objets interactifs surlignés. Cela dit, le jeu est assez court : j’ai mis 28h à le terminer, avec un peu de grind pour remplir quelques objectifs facultatifs et voir la plupart des fins. Le grind, d’ailleurs , est globalement limité : le jeu n’est pas très difficile et on a tendance à rouler sur tout le monde, à part quelques boss qui nécessitent de comprendre la bonne technique, ou d’avoir un peu de chance.
Techniquement, Live A Live fait partie de la lignée de jeux utilisant le style « 2D HD » comme Triangle Strategy, mais je l’ai trouvé plus joli que ce dernier, plus net bien que moins détaillé, et plus joli en mouvement que sur les captures fixes avec de jolis effets de lumière ou de profondeur de champ, et des animations uniques pour chaque attaque des personnages (mais pas des ennemis). En revanche, il y a de nombreux ralentissements, peu impactants en terme de gameplay heureusement, et des chargements assez courts mais fréquents. Les musiques sont également plutôt bonnes, bien qu’elles soient trop peu nombreuses par chapitre et tournent parfois en boucle.
Original, à la fois assez moderne par certains côtés et old school sur d’autres, dans un remake de très bonne facture, Live A Live est une très bonne surprise, surtout si l’on veut un RPG pas trop long et qui sort un peu de l’ordinaire.