Hyrule Warriors L’Ere du Fléau est le second Zelda de type musou. Alors que le premier était une sorte de « best of » rempli de fan service avec une histoire de multivers, celui-ci raconte une « histoire alternative » de ce qui s’est passé avant Breath of the Wild.
En effet, l’histoire ne correspond pas tout à fait à ce qu’on a vu dans les flashbacks de BotW : il s’appuie sur les mêmes fondations, mais introduit rapidement du voyage dans le temps qui crée une branche parallèle : pendant que Hyrule est plus ou moins détruit (les événements qui précèdent BotW), un mini-gardien est renvoyé dans le passé pour prévenir Zelda de la calamité qui arrive, et s’y préparer. On va ainsi pouvoir activer les créatures divines avant qu’elles soient corrompues, empêcher l’élimination des champions, et autres événements « non-canon », à travers de très nombreuses cinématiques de très bonne qualité et bien mises en scène.
Ce qui frappe dans cet Hyrule Warriors, c’est la ressemblance avec BotW : c’est vraiment la même chose, mais en mode « musou » : on y retrouve les personnages, ennemis, environnements, et armes de BotW, ainsi que les 4 pouvoirs de la tablette, les items et ingrédients pour cuisiner, les coffres cachés, et même les korogus. Le jeu reste cependant un hack & slash, et on est loin d’avoir la même liberté : on peut même pas sauter, alors je ne parle pas de pouvoir grimper aux parois. Au final, le jeu est tout aussi plein de fan service que le premier Hyrule Warriors, on peut contrôler plein de personnages habituellement non jouables (dont certains plutôt étonnants), mais contrairement au premier ce n’est pas ridicule « tiens voilà un nouveau perso », tout a son explication et sa logique.
Le gameplay est similaire au reste des musous : des hordes d’ennemis qu’on mouline par centaines voire milliers, des allers-retours sur une carte qui alterne couloirs et arènes, avec des places fortes à capturer et des élites à éliminer. On a classiquement des coups faible et forts, une esquive qui ralentit le temps avec le bon timing, plus les pouvoirs de la tablette qui servent tous à taper et sont activés semi-automatiquement. Gros point fort par rapport à la plupart des musous que j’ai testé, les personnages se jouent vraiment différemment : par exemple, Impa utilise des attaques ninja qui doivent se « charger », Urbosa utilise la foudre, et même les pouvoirs de la tablette sont différents en fonction du personnage : là où Link lance quelques bombes, Urbosa en sort une énorme sous elle, qui la fait sauter en l’air. En revanche, l’aspect stratégique est quasiment inexistant : on se contente d’aller d’un endroit à un autre, parfois de protéger un capitaine ou de capturer une place forte, mais on est très loin des allers-retours qu’on fait sans arrêt sur Three Hopes ou même sur le premier Hyrule Warriors pour gérer les allers-retours dans la dynamique du rapport de force ; ça s’améliore sur la fin du jeu, mais ça reste assez léger.
L’aspect RPG est, comme d’habitude, relativement léger : les niveaux se gagnent tous seuls, tous les personnages ont accès aux 4 pouvoirs de la tablette, le changement de tenue est uniquement esthétique, il n’y a pas de capacité spéciale à débloquer ni d’arbre de compétences (juste les combos à améliorer), etc. Seules les armes peuvent être modifiées, et si la plupart des personnages n’ont accès qu’à un seul type d’arme, Link change d’attaque spéciale en fonction du type équipé : épée à une main, à deux mains, lance, etc. Un point positif : les personnages non utilisés durant une mission ne gagnent pas d’expérience, mais il est possible de les faire monter de niveau en dépensant de l’argent, ce qui réduit énormément le grind (même s’il faudra en faire pour gagner de l’argent) car certaines missions imposent parfois un personnage que l’on avait mis de côté depuis longtemps.
Le contenu de l’Age du Fléau est évidemment gargantuesque, comme tous les jeux du genre : missions principales et secondaires, objectifs facultatifs de missions, améliorations de stats, marchands, personnages verrouillés, etc. Le choix des missions s’effectue sur la carte du monde ; chacune débloque des points d’intérêts, qui vont pour la plupart simplement demander des ressources pour améliorer certaines choses : débloquer des marchands, apprendre des recettes, améliorer la vie ou les combos des personnages ; d’autres sont des combats facultatifs. Il y a vraiment beaucoup de quêtes secondaires, et on peut sans doute y passer des dizaines d’heures, mais il faut bien avouer que c’est un peu répétitif, même si les niveaux sont nettement plus variés que dans la plupart des musous que j’ai fait, sans doute grâce aux nombreux biomes tirés de BotW : c’est plus agréable de passer des pics enneigés des Piafs au désert des Gerudos, plutôt que d’une forteresse à l’autre dans Three Hopes. Il faut y rajouter quelques missions dans lesquelles on contrôle directement les créatures divines, ce qui est plutôt cool, même si un peu gimmick. Côté ennemis c’est correct, avec autant de variété que dans BotW : entre les types (du moblin au lynel) et les variantes, le tout panaché de différentes manières, ça réussit bien à ne pas donner d’impression de répétitivité.
La difficulté est plutôt bien équilibrée en mode normal : pas si facile que ça quand on trace tout droit sans grinder en contrôlant Link 99% du temps, il suffit de faire quelques missions secondaires pour gagner des niveaux et faciliter le jeu, même si les missions secondaires sont souvent plus difficiles que les principales. Quand on perd on ne recommence pas toute la mission heureusement, on peut reprendre au dernier checkpoint ; en revanche, si c’est une mission à timer et qu’il nous restait trop peu de temps au dernier checkpoint, il faudra repartir de zéro, ce qui peut être agaçant mais n’arrive que sur les missions secondaires qui sont généralement plutôt courtes. La difficulté augmente sur le dernier niveau, qui regroupe des dizaines d’élites et de gros monstres, mais se fait tout de même sans trop de problème. J’ai fini le jeu en 22h avec quelques quêtes secondaires mais pas énormément, et il y a encore du contenu « post-game ».
Techniquement c’est assez aléatoire : dans l’ensemble c’est très jouable, le début du jeu a quelques chutes de framerate dans les scènes un peu chargées, mais sur la fin du jeu certains combats rament beaucoup ; personnellement ça m’a pas trop dérangé, mais je peux comprendre que ça en gêne certains. En revanche, la caméra est très mal gérée : elle se met derrière les murs dès qu’il y a un combat contre un ennemi puissant dans un endroit exiguë, ce qui arrive souvent, ou bien en hauteur contre un gros ennemi comme un hinox, et on ne voit plus les petits autour qui nous tapent. Le jeu est intégralement en VF, textes et voix.
Hyrule Warriors L’Ere du Fléau est un très bon musou, et je le trouve globalement supérieur à ceux que j’ai fait. Mais c’est aussi un très bon jeu Zelda ; même s’il n’y a que l’aspect combat, il est très bien fait, et se joue avec plaisir de bout en bout.