Hyrule Warriors est un musou, et comme vous ne savez probablement pas ce que c’est, ça ne doit pas beaucoup vous aider.
Les musous sont représentés principalement par la série Dynasty Warriors (appelée Sangokumusou au Japon, d’où le nom du genre) et ses nombreux spin-off, étant elle-même un spin-off de Romance of the Three Kingdoms, une série de jeux de stratégie datant des années 80. L’origine de ce genre a son importance car, derrière l’apparence bas de plafond du gameplay, qui consiste en majorité de massacre d’ennemis faibles et bêtes par milliers, une part importante du gameplay est également très stratégique, avec de la capture de forts, des ordres à donner, et de la gestion de priorité d’objectifs.
La partie action de Hyrule Warriors est très simple, mais diablement efficace : coup faible et fort, esquive, coup spécial avec jauge de magie, et des objets (bombes, arc…), du très classique. Les ennemis se mettent en groupe de 20 ou 30 devant nous sans attaquer, et une seule frappe en tue 10 d’un coup, sauf les élites et les boss qui demandent un peu d’attention ; il n’est pas rare de terminer un niveau en ayant éliminé plus de 3000 ennemis. C’est un excellent défouloir, et mouliner des ennemis par paquet de 100 est assez unique, si vous n’avez jamais joué à un jeu du genre. Dans la tradition de Zelda, il y a également à la fin de certains niveaux des boss gigantesques tirés des différents jeux (roi dodongo, etc) qui nécessitent des techniques particulières.
Au milieu du bourrinage, la partie stratégique n’est pas négligeable : les cartes des niveaux sont ponctuées de forts et autres points à capturer, dans lesquels l’infanterie apparaît en continu, et qui attaque automatiquement les forts voisins. On va donc passer notre temps à courir de droite à gauche, prendre un fort, en défendre un autre, sauver un capitaine ou un allié, battre un boss, éliminer un élite dangereux, défendre un capitaine allié, et donner des ordres aux personnages pour qu’ils aillent attaquer ou défendre un point, en passant de l’un à l’autre. Le jeu ne nous laisse jamais souffler, il y a constamment un nouvel objectif, un retournement de situation à l’autre bout de la carte, tout va très vite, c’est très intense.
L’équilibre entre l’action et la stratégie est excellent, et on comprend vite l’intérêt de pouvoir éliminer les ennemis de base facilement, lorsqu’on capture un fort avec 100 adversaires, pendant qu’on surveille la carte, les renforts alliés et ennemis, les forts qu’on risque de perdre, les objectifs qui changent, et les alliés qui appellent à l’aide. Il faut sans arrêt jongler entre action et stratégie avec les ennemis qui apparaissent en boucle devant nous : doit-on rester pour les éliminer tous, capturer un fort voisin pour les affaiblir, appeler un allié à la rescousse, changer de personnage et laisser l’actuel se débrouiller…
Hyrule Warriors est très varié, avec beaucoup de fanservice dans les environnements, les personnages et les ennemis de plusieurs épisodes de Zelda mélangés (mais pas tous). On a parfois vraiment l’impression de jouer à un Zelda en mode musou : personnages, environnements, ennemis, objets, boss : tout est déjà connu. Même les jingles (coffres, rubis etc.) proviennent de la série principale, ainsi que les musiques, remixées en mode rock, ce qui est assez perturbant. En revanche, à se reposer uniquement sur le fanservice, l’histoire est totalement inintéressante, déjà vue et revue 100 fois, sans aucune surprise ni originalité : Ganondorf veut la triforce, Link et Zelda veulent l’en empêcher, et les méchants sont méchants parce qu’ils sont méchants. La seule originalité est de pouvoir incarner les méchants et certains personnages secondaires, ce qui est, je dois l’avouer, plutôt sympathique.
La vingtaine de missions de l’histoire principale sont assez longues et peuvent facilement durer 20 ou 30mn, pour un total d’une quinzaine d’heures. Il y a aussi de nombreux modes supplémentaires : jeu libre, défis, mais aussi un énorme mode « aventure » avec des milliers de choses à faire, des cartes à explorer, des personnages à débloquer, etc. Il y a moyen de passer plusieurs dizaines d’heures à tout nettoyer, et à grinder pour récupérer des rubis, des matériaux, des armes, récupérer tous les secrets, etc. Il est juste dommage que les nombreux personnages se jouent tous un peu pareil, ce qui diminue l’intérêt du grind, qui est malheureusement obligatoire si l’on veut améliorer tous les personnages au maximum, leur expérience et leurs améliorations n’étant pas partagées. Il y a également un mode à deux joueurs en split screen, mais que je n’ai pas pu tester.
Techniquement, Hyrule Warriors n’est pas moche du tout, et même si les environnements sont assez basiques, ils sont propres. C’est assez fluide, même avec des centaines d’ennemis affichés, sauf pendant les cinématiques qui tombent à 10fps alors que rien n’est affiché. Les cinématiques sont plutôt bonnes, mais il n’y a aucun doublage, et les personnages se parlent avec les lèvres qui remuent mais aucun son, c’est très spécial. Je regrette surtout les textes assez petits en mode portable, ainsi que la carte pas toujours très lisible pour savoir où l’on est.
Avec du fanservice à foison, des milliers d’ennemis, mais surtout de la stratégie, Hyrule Warriors est un jeu beaucoup plus profond qu’il n’y paraît au premier abord, et une excellente surprise.