Miyoo Mini+

La Miyoo Mini+ est une machine portable dédiée à l’émulation, créée par Miyoo, une société qui sort une nouvelle machine de temps en temps. La version « + » est sortie en 2023 ; c’est un upgrade de la Mini tout court, qui était sortie en 2021. De nouvelles révisions sortent régulièrement : j’ai ici une V2, qui améliore les boutons, l’écran et la batterie par rapport au premier modèle ; on en est à la V4, qui a un meilleur écran et supporte la charge rapide, mais le hardware (CPU, RAM) reste le même à part ça.

La machine peut s’acheter sur Aliexpress ; elle se trouve généralement autour de 40€ mais il y a souvent des promos qui la font passer sous les 35€ ; c’est un prix imbattable si vous voulez tester ce genre de produit sans vous ruiner.

Design

Le design est directement repompé de la Game Boy : la machine est un peu petite, il est impossible de la saisir à pleine mains, sauf peut-être pour des enfants. La machine est disponible en noir transparent, blanc, violet transparent, ou gris ; certains coloris utilisent des boutons de couleur SNES, d’autres des boutons de couleurs uniformes.

Les contrôles comportent un d-pad, 4 boutons d’action, 2 boutons start/select, 4 gâchettes à l’arrière, et un bouton de menu. La seconde paire de gâchettes n’est pas très pratique d’accès car les doigts doivent passer par-dessus les premiers ; heureusement ce ne sont pas des boutons utilisés intensivement sur les systèmes émulés. Les boutons sont corrects, et la croix aussi, avec des diagonales qui sortent un peu quand elles veulent bien.

La connectique est composée d’un port USB-C pour recharger (attention à ne pas utiliser un chargeur rapide qui pourrait cramer la machine), un port micro SD pour les jeux, une sortie casque, et le wifi pour transférer et scraper les jeux. Il n’y a pas de sortie HDMI, ni de bluetooth : c’est un système purement destiné à être utilisé « tel quel ».

L’écran de 3.5″ en 640*480 est un peu petit pour les jeu d’arcade verticaux, mais sinon ça va : il est lumineux, avec une bonne surface d’affichage et une qualité très correcte.

La batterie amovible avec un simple clapet à déclipser ; elle est censée durer entre 3 et 5h, mais évidemment ça dépend de ce qu’on en fait : système émulé, shaders, luminosité… Pas de sortie HDMI, impossible de jouer sur TV.

Performances

La Miyoo Mini+ utilise une puce SigmaStar SSD202D, à l’origine destinée à piloter des écrans, pas des émulateurs, et est donc très peu puissante. Le puce intègre 2x Cortex A7 @1.2 GHz, un vieux CPU de 2011 en 32 bits, et le GPU est pour ainsi dire inexistant, sans même de support d’OpenGL, et il n’y a que 128Mo de RAM, un chiffre digne de la fin des années 90 : c’est suffisant pour l’usage qui en est fait (la PS1 n’avait que 3Mo de RAM), et permet de conserver un prix réduit, mais on est sur du matériel vraiment très bas de gamme pour tirer le prix au maximum vers le bas.

Les performances mesurées sont présentées ci-dessous ; à noter que tout est plus lent sur l’OS de base, je note donc les perfs sur OnionOS.

  • 8 et 16 bits (NES, SNES, GB, GBA, Master System, Megadrive, etc) : aucun souci constaté
  • Arcade / FBNeo : en-dehors du CPS1/2/3 et de la NeoGeo, c’est souvent trop lent pour être jouable
  • Arcade / Mame 2003 : certains jeux un peu « récents » comme Darius Gaiden ou Dragon Blaze sont à mi-vitesse, mais Golden Axe 2 tourne avec quelques bugs, Mortal Kombat est un peu lent mais le 2 tourne bien, R-Type Leo aussi. La NeoGeo et le CPS1/2/3 n’ont aucun souci.
  • Playstation : tous les jeux testés tournent à 60fps sans souci
  • Nintendo DS : New Super Mario Bros est à 98% de vitesse, Mario Kart est plus variable mais jouable, d’autres comme Space Invaders Extreme tournent à pleine vitesse. Les deux écrans sont affichés simultanément, la gâchette droite passe d’un écran à l’autre, la gâchette gauche active un curseur pour le tactile. Dans l’ensemble c’est parfait pour les RPG (Pokémon etc), pour les jeux d’action c’est variable en fonction des performances, et dans tous les cas il faut oublier les jeux utilisant beaucoup le touchscreen, qui peut servir occasionnellement mais pas en pleine action.
  • La Dreamcast, PSP, N64 et autres machines ne sont tout simplement pas disponibles.

Interface et fonctionnalités

La machine est plutôt populaire, et le constructeur ne sortant pas de nouveaux modèles tous les mois, le hardware n’a pas bougé depuis plusieurs années : par conséquent, une communauté solide s’est formée autour, et les OS alternatifs sont de bonne qualité. Ils sont d’ailleurs tous faciles à installer, car il suffit de copier des fichiers sur une carte SD.

Le meilleur est OnionOS, et de loin ; je dirais même que c’est une bonne raison de choisir cette machine plutôt qu’une autre tellement c’est pratique à l’usage.

OS de base

L’OS de base n’est pas clair du tout : sans carte SD fournie avec l’appareil, je ne savais même pas quels dossiers créer pour mettre les jeux ! L’OS n’est pas très réactif, les jeux mettent du temps à se charger, et le système manque de cohérence : le bouton menu ne marche qu’en combinaison avec d’autres et on n’a aucune aide pour savoir ce qui fait quoi, par exemple. Bref, ce n’est pas vraiment une expérience agréable.

OnionOS

OnionOS est une surcouche à l’OS de base, qui en masque ou supprime tous les défauts, et rajoute énormément de fonctionnalités : favoris, jeux récents, thèmes, scraper (pour afficher les pochettes), netplay, retroachievements, fast forward et rewind, ainsi que des émulateurs optimisés aux petits oignons pour la machine. Beaucoup d’actions sont utilisables en combinaison avec le bouton menu, et des pages d’aide expliquent très clairement ce qu’il est possible de faire. Dans les menus avancés, il est possible d’activer ou de désactiver de nombreuses choses : de nombreux émulateurs (stables ou « expérimentaux »), des portages natifs (Doom, ScummVM, Pico8, etc), ainsi que des applications comme un compteur de temps de jeu, un lecteur d’ebook, de mp3 ou de vidéos, un enregistreur d’écran, ou même un « guest mode » qui permet de prêter sa machine sans craindre de perdre ses sauvegardes. Tout cela permet d’activer tout ce qui nous intéresse, tout en conservant une interface épurée au maximum, et tout étant optionnel (sauf l’activation des émulateurs, qui se fait au premier démarrage), il est aussi possible de ne jamais ouvrir les options.

L’OS propose également une excellente fonctionnalité avec le « quick resume » : lorsqu’un jeu est lancé, un appui sur le bouton de menu crée une save state et revient au menu principal. Depuis là, un autre appui sur le bouton permet de basculer entre plusieurs jeux, et de reprendre exactement là où on s’est arrêté ; relancer un jeu depuis le menu normal va également recharger la dernière save state créée. Et cerise sur le gâteau : éteindre la machine alors qu’on est en jeu crée également une save state, et la rallumer recharge automatiquement le jeu en cours ! Et si on met la machine en veille et qu’elle s’éteint automatiquement, ce process est également respecté ! C’est extrêmement pratique, et quand on y a goûté, on voudrait que ce soit disponible partout…

Le système a de nouvelles versions 2 ou 3 fois par an, et la stabilité est remarquable.

Site : https://onionui.github.io/

Koriki

Koriki est certes meilleur que l’OS de base, mais face à OnionOS, il ne fait pas le poids : l’interface est franchement moche, le bouton menu n’est pas utilisé de manière cohérente, il ne permet pas le scrape, et j’ai subi quelques bugs, comme un freeze au démarrage, ou les vibrations qui ne se coupent pas quand on quitte un jeu. Il y a un effort, mais ça manque clairement de finalisations. Les mises à jour sont assez régulières.

Site : https://github.com/Rparadise-Team/Koriki

MinUI

MinUI, comme son nom l’indique, est focalisé sur le minimalisme. L’interface est extrêmement épurée, sans même afficher les pochettes des jeux, avec très peu de paramètres disponibles, et les émulateurs sont peu nombreux : GB(C), GBA, NES, SNES, MD, PS1, et c’est tout, il n’y a même pas d’arcade. Un pack « extras » permet de rajouter quelques émulateurs (notamment NGP, GG, SMS, PCE) et le wifi (non supporté par défaut).

Mais tout ceci a un avantage : non seulement on ne risque pas de se perdre dans des options inutiles, mais en plus ça permet à l’OS d’être extrêmement cohérent : il y a notamment un menu standardisé pour les émulateurs, accessible avec la touche menu, qui permet d’accéder à toutes les options classiques (save states et quelques options standard) de la même manière, quel que soit l’émulateur : pas besoin de passer par l’interface compliquée de RetroArch !

C’est un peu radical, mais vraiment intéressant quand on veut réellement « juste jouer », et que les émulateurs proposés nous suffisent ; de toute façon la machine ne sait pas émuler grand-chose de plus. Dommage que l’arcade ne soit pas supportée.

Les mises à jour sont relativement fréquentes, et le système est également disponible pour d’autres machines, ce qui permet de passer facilement de l’une à l’autre, si c’est quelque chose qui vous intéresse.

Site : https://github.com/shauninman/MinUI

Allium

Une évolution de MinUI qui rajoute plusieurs features, comme les pochettes, le wifi, le suivi de temps de jeu, etc. Le développement n’est pas encore très avancé, il y a des fonctionnalités intéressantes planifiées (favoris et thèmes) ; ça peut être une bonne alternative à MinUI si le minimalisme extrême de ce dernier vous rebute.

Site : https://github.com/goweiwen/Allium

Telmi

Un OS original : il n’y a aucun émulateur, et à la place il est dédié à la lecture d’histoires et de MP3 pour les jeunes enfants.

Site : https://github.com/DantSu/Telmi-story-teller

Je suis vraiment très content du rapport qualité/prix de la machine ; OnionOS est top, les systèmes proposés marchent tous bien et l’expérience « unifiée » est agréable, un vrai succès. Je conseille sans hésiter, que ce soit pour découvrir ce type de machine à bas coût, ou pour avoir une petite machine à transporter facilement.

Verdict : excellent