Final Fantasy V

Note : la version testée est la « Pixel Remaster » ; le travail sur le remake est traité dans le test de la compilation, celui-ci traite principalement du jeu en lui-même.


Final Fantasy V est sorti sur SNES en 1992, alors que les Japonais sont bien chargés en JRPG : la même année sortent, entre autre, Shining Force, Dragon Quest 5, Shin Megami Tensei, Lunar The Silver Star, ou encore Romancing SaGa, tandis que sur ordinateur on voit apparaître Ultima 7, Ultima Underworld ou encore Might & Magic Clouds of Xeen. Il sera localisé dans la compilation « FF Anthology » sur Playstation aux USA en 1999, puis en Europe en 2002, puis enfin sur GBA en 2006 : c’est donc un épisode qu’aucun joueur occidental n’a connu à sa sortie sur SNES.

Après un quatrième épisode se concentrant totalement sur le personnage central, Final Fantasy V revient aux débuts de la série : des cristaux élémentaires qui soutiennent le monde, un grand méchant qui veut les détruire parce qu’il est méchant, vous connaissez la chanson. Heureusement, ce retour aux sources n’est pas total : on retrouve des personnages qui ne sont pas des coquilles vides mais ont des buts et caractères propres, le jeu est autant mis en scène que le quatrième épisode, et il mélange plutôt bien ce côté épique « il faut sauver le monde », les relations entre personnages et un peu d’humour, avec un bon équilibre entre tout ça. Le scénario voit des rebondissements et retournements de situation réguliers et, chose admirable pour l’époque, ceux-ci n’arrivent pas comme des cheveux sur la soupe : on sent que c’est réfléchi avec des indices semés dès les premières minutes de jeu ; on vit même quelques drames, malheureusement pas toujours très bien amenés. En revanche, la qualité se délite sur la fin, avec des rebondissements qui semblent un peu mécaniques : ça donne l’impression que les développeurs n’avaient plus de temps, ou plus de place sur la cartouche, et ils auraient mieux fait de finir le jeu à la fin de second acte plutôt que de faire traîner en longueur.

Le gameplay est un croisement entre les jobs du troisième et l’ATB du quatrième épisode, avec des jobs plus équilibrés, qui évitent l’écueil des doublons : il n’y a par exemple pas de « guerrier » et de « chevalier » quasi-identique qui rend le premier obsolète. A chaque cristal atteint, on récupère un certain nombre de jobs ; en « équiper » un permet d’influer sur la progression des stats, d’utiliser ses compétences, et de les apprendre définitivement pour les utiliser avec une autre classe. Par exemple, un mage blanc est naturellement capable de lancer des sorts blancs niveau 6 (si vous les avez déjà acheté) ; gagner un niveau de job permettra à n’importe quelle autre classe du personnage d’utiliser les sorts blancs de niveau 1, à condition d’équiper la magie blanche en capacité secondaire. En effet, chaque job possède une commande spécifique inamovible, et a un emplacement libre sur lequel on peut « équiper » la commande d’un autre job : il est donc possible d’avoir des personnages spécialisés, ou au contraire de panacher et de les rendre plus polyvalents.

La liberté est donc grande, et la gestion des classes est plutôt intéressante : on va devoir réfléchir pour combiner les classes au mieux et avoir une équipe capable d’affronter toutes les situations, et il n’est pas évident de trouver le mix parfait, qui soit à la fois utile, intéressant et complémentaire ; on peut passer beaucoup de temps à essayer diverses combinaisons, jusqu’à trouver celle qui nous plaît le plus. Débloquer des jobs est toujours excitant avec tous les nouveaux à essayer, bien que certains soient quasiment inutilisables tellement ils sont étranges ou difficiles à utiliser, ou demandent plus de « travail » que d’autres : par exemple, les invocations ou les chansons du barde ne s’apprennent qu’à travers des quêtes ou des actions spéciales, parfois complexes ou bien cachées ; d’autres ont des usages très spécialisés, ou une synergie très particulière avec une autre classe et sont nuls le reste du temps.

La structure de Final Fantasy V est encore similaire aux épisodes précédents : assez dirigiste au début, la carte s’ouvre relativement vite sans que l’on soit débordé pour autant, avec un seul endroit qui permet de progresser dans l’histoire, et change plusieurs fois au fil de l’avancée, de manière plus ou moins radicale. Mais surtout, les donjons sont très bons : variés dans leurs thèmes et leur design, assez labyrinthiques avec parfois plusieurs chemins et des interrupteurs partout, on est très loin du « trouver le couloir de la grotte qui ne mène pas à un cul-de-sac » des précédents épisodes. Le jeu est découpé en trois actes, mais malheureusement le troisième est loin d’être aussi intéressant que les deux premiers : il demande juste d’enchaîner les donjons pour récupérer des MacGuffins magiques et compléter son pokédex d’armes mystiques ; son ouverture totale risque de vous faire rater des tas d’armes, armures et magies puissantes, pourtant bien utiles.

Comme dans le 3, ce remaster permet de booster indépendamment l’expérience des niveaux, l’expérience des jobs, et l’argent : cela permet notamment de tester des combinaisons de classes sans avoir l’impression d’avoir perdu son temps, car en temps normal leur amélioration est très lente. C’est ici que la granularité des boosts révèle tout son potentiel : on peut couper le gain d’XP pour grinder les jobs sans devenir trop puissant, ou l’inverse, ou encore couper tous les gains et chercher à apprendre les sorts de mage bleu, par exemple. Cela dit, même avec tous les boosts à fond, le jeu est loin d’être facile, à moins de passer du temps à grinder : certains boss demandent d’adopter la bonne stratégie même en étant à un niveau élevé, et sont quasiment impossibles à passer en « force brute ». Une nouvelle fois, la toute dernière zone est remplie d’ennemis très difficiles, et qui ne donnent pas d’expérience : il faudra passer un peu de temps à grinder si on ne veut pas se faire rétamer par les multiples boss, ou bien désactiver les combats aléatoires. Cet épisode est également un peu plus long que les autres : j’y ai passé 24h, en passant tellement de temps à maîtriser plusieurs jobs sur chaque personnage que j’aurais peut-être pu le diviser quasiment par deux.

Final Fantasy V est un épisode qui mériterait d’être mieux connu : riche, varié, intéressant, il vaut largement le temps de s’y consacrer.

Verdict : très bon