Final Fantasy IV

Note : la version testée est la « Pixel Remaster » ; le travail sur le remake est traité dans le test de la compilation, celui-ci traite principalement du jeu en lui-même.


Final Fantasy IV est sorti en 1991 sur SNES, la même année que Shining in the Darkness, ou bien sur ordinateur Eye of the Beholder et Might & Magic III. C’est le second Final Fantasy localisé, mais uniquement aux US : il ne sortira pas avant 2006 en Europe, sur GBA. Lors de sa sortie initiale, l’occident n’est pas encore inondé de JRPG, mais au Japon ils commencent à en avoir pas mal, et les codes comment à bien se mettre en place.

Un mot sur l’aspect remake : moins retravaillé que les épisodes NES, moins détaillé que les épisodes ultérieurs, c’est clairement le moins joli du lot, avec certaines zones et certains sprites franchement moches.

Cet épisode est le premier Final Fantasy extrêmement scénarisé, et on le comprend dès la cinématique du début : les personnages y paraissent déjà travaillés avec ce chevalier noir tourmenté qui remet en question son commandement, et on comprend vite qu’il fait partie de la « nouvelle vague » des JRPG initiée par Phantasy Star II en 1989, qui se concentrent sur les personnages et leurs évolutions plutôt que sur l’histoire autour. En effet, l’histoire est banale avec le grand méchant qui veut dominer le monde, mais les personnages sont plutôt bien écrits, le ton est plutôt sérieux et dramatique la plupart du temps, il y a quelques passages vraiment réussis et des retournements de situation un peu téléphonés mais pas mauvais pour l’époque, le tout est ponctué de quelques moments humoristiques assez bien dosés, et l’univers qui mélange fantasy et S-F est original. Malheureusement, on y rencontre également des événements qui cassent complètement les drames vécus, comme un personnage qui s’est prétendument sacrifié mais revient d’une manière improbable à un moment étonnamment opportun ; cela gâche complètement l’émotion vécue durant les drames qui sont pourtant bien amenés, ce qui est d’autant plus dommage que l’épisode précédent parodiait justement ce cliché.

La structure du jeu est très linéaire : pendant la plus grande partie, on suit l’histoire qui nous mène d’un point à un autre, sans grande possibilité de s’en écarter ; on ne choisit pas la composition de son équipe, dont les membres vont et viennent régulièrement au fil du scénario, à l’exception de Cecil, le personnage central. On ne peut pas non plus plus choisir les classes des personnages, qui sont fixes, et on devra donc savoir au mieux tirer parti de ce qui nous est imposé.

Grosse innovation au niveau du gameplay, avec la première apparition de l’ATB, Active Time Battle : un hybride de tour par tour et de temps réel, qui rajoute une légère couche de stratégie car on utilise réellement la vitesse des personnages, des sorts d’accélération ou de ralentissement, et on affronte des boss qui demandent de timer ses actions. La magie a également été revue : les sorts sont appris au fil des niveaux gagnés plutôt que de devoir être achetés, et les MP deviennent globaux plutôt que par « niveau de sort ». Enfin, l’équipement aussi a été repensé : on ne peut plus simplement équiper « la meilleure armure » car elle donne parfois des malus, comme l’armure de feu qui rend sensible au gel ; c’est relativement peu exploité, mais met une légère couche de personnalisation sur un jeu très dirigiste par ailleurs.

Comme pour d’autres épisodes, Final Fantasy IV souffre d’un manque d’explication : j’ai mis du temps à comprendre que la capacité « obscurité » de Cecil faisait baisser les points de vie, ou que la guérison du barde utilisait les potions. Comprendre ce que l’on doit faire pour progresser n’est pas toujours très clair, mais pour les quêtes secondaires c’est encore pire : difficile d’en terminer certaines sans un wiki ! La difficulté n’est pas toujours très bien équilibrée non plus : certains personnages reviennent dans l’équipe avec un retard de niveau par rapport à ce qui est nécessaire dans la zone, et demandent donc du grind, heureusement mitigé par le boost d’XP de cette version. Cet aspect rend le jeu plutôt court : je l’ai fini en 13h20 avec les boosts au max, les persos niveau 99, toutes les armes et tous les boss facultatifs.

Final Fantasy IV est un jeu plutôt bon, au gameplay simple mais bien rodé, avec un scénario à très fort potentiel mais qui se met des bâtons dans les roues tout seul à ne pas assumer les drames qu’il crée.

Verdict : bon