Final Fantasy II

Note : la version testée est la « Pixel Remaster » ; le travail sur le remake est traité dans le test de la compilation, celui-ci traite principalement du jeu en lui-même.


Final Fantasy II est un RPG sorti sur Famicom en 1988, un an après le premier, et la même année que Dragon Quest III, ou bien sur ordinateurs Might & Magic II, Pool of Radiance ou Ultima V. Il a été localisé pour la première fois sur Playstation dans le remake Origins en 2002, puis sur GBA dans Dawn of Souls en 2004.

Premier changement radical avec le précédent épisode : le jeu est beaucoup plus scénarisé, et aussi beaucoup plus ouvert. Il commence avec une cinématique d’introduction relativement longue pour l’époque : un empereur veut dominer le monde en rayant les royaumes résistants de la carte ; on incarne un groupe d’aventuriers qui s’enrôle chez l’un d’entre eux pour les arrêter. On suivra ensuite les directives de la princesse locale pour tenter d’affaiblir leurs défenses et chercher à éliminer leurs commandants ; l’aventure sera ponctuée de drames, allant des classiques sacrifices héroïques jusqu’à des atrocités commises par l’empereur, qui ne se contente pas d’attendre à la fin du jeu en envoyant ses sbires nous barrer la route mais nous cherche, prend des otages pour nous attirer, etc.

La progression est également bien plus libre : dès le tout début, on peut s’aventurer un peu trop loin et se faire éliminer en quelques instants ; même si certains éléments de progression sont soumis à condition, la carte est globalement beaucoup plus accessible et explorable à loisir. L’ensemble donne un bon sentiment de liberté, une motivation et une implication bien plus personnelles pour poursuivre sa quête que « vous êtes les élus », et génère un véritable dynamisme avec de multiples rebondissements soulignés par un changement régulier du quatrième personnage du groupe, et plusieurs twists finaux ; attention, cela reste assez simple et tire sur des ficelles bien usées, mais pour l’époque et la machine c’est vraiment évolué, au point de donner des leçons à certains RPG bien plus récents.

Second changement radical de Final Fantasy II : le gameplay, qui a plutôt mauvaise réputation quand on parle de la série. Pour résumer, le gameplay a de gros défauts d’équilibrage, mais les aides de cette version Pixel Remaster permettent d’y pallier en partie, et il reste assez intéressant sur le papier. L’expérience et les niveaux ont été remplacés par un système qui se repose sur l’utilisation des capacités : tapez avec une épée et votre force augmentera ainsi que votre compétence à l’épée ; lancez des sorts et votre magie augmentera ainsi que la puissance de ce sort ; faites-vous taper dessus et votre vie augmentera ; le tout est plutôt bien expliqué par des PNJ au début du jeu. En théorie cela permet de personnaliser complètement ses personnages, et de vous faire vos propres classes qui mélangent les capacités qui vous paraissent les plus pertinentes ; en pratique, le système nous pousse malgré lui à grinder pour obtenir des persos avec 99 dans toutes les stats, mais cela donne quand-même une liberté rarement vue, surtout dans les jeux de cette époque.

Le problème principal du système de progression est qu’il est plein de contradictions : par exemple, il faut se faire taper pour augmenter ses points de vie maximum, mais il faut esquiver les attaques pour augmenter son agilité ; il est donc très difficile d’augmenter les deux en même temps, et une fois l’esquive très haute, améliorer ses points de vie devient une sinécure. De même, lancer un sort de bouclier permet d’améliorer sa puissance, mais cela réduit les dégâts, et donc l’amélioration des points de vie ; attaquer les ennemis permet d’améliorer sa force, mais si on est trop puissant ils n’ont plus le temps de nous attaquer, et on doit donc attaquer sa propre équipe pour pouvoir continuer à améliorer ses personnages ; les exemples de ce type sont nombreux. Il est également difficile de comprendre si ses personnages sont bien équilibrés, et s’ils sont assez forts pour s’aventurer dans la prochaine zone : s’ils se font dégommer, est-ce parce qu’ils manquent de vie, d’esquive, de puissance de frappe, ou d’autre chose ?

En tout cas, voir ce type de système aussi complexe et expérimental dans un RPG de cette époque est vraiment étonnant, d’autant plus qu’il s’accompagne d’une autre singularité : un système de mots-clés à apprendre et soumettre aux PNJ pour faire avancer l’histoire, lui aussi très avancé pour l’époque mais alambiqué pour pas grand-chose.

Heureusement, les boosts de cette version Pixel Remaster peuvent être finement ajustés pour régler séparément les gains de stats, d’armes, de magie et même forcer le gain de points de vie, ce qui permet de compenser de manière très intelligente, en particulier pour les points de vie qui sont très pénibles à augmenter sans ça. Et heureusement qu’il y a ces aides, car le jeu demande beaucoup de grind, en particulier dans le dernier donjon qui a un énorme pic de difficulté par rapport au reste du jeu ; j’ai fini le jeu en 13h, quasiment le double du premier, malgré le boost x4 tout du long, et en désactivant les combats dans une partie du dernier donjon !

Final Fantasy II est vraiment une bonne surprise, aussi bien en terme d’histoire que de gameplay, intéressant malgré tous ses défauts ; cette version permettant de bien mitiger ces derniers, je suis très content d’avoir pu découvrir cet épisode de cette manière.

Verdict : très bon