Doom est probablement le FPS le plus célèbre, et un des jeux avec le plus d’influence : moteur graphique à la pointe de la technologie, gameplay nerveux, violence extrême, imagerie satanique, les innovations ne manquent pas. Mais ça, c’était à l’époque : qu’en est-il aujourd’hui ?
Commençons par parler des niveaux. De design typique des années 90, ce sont d’énormes labyrinthes, des successions de couloirs, de puzzles et d’arènes de combat, dans lesquels j’ai passé énormément de temps à me perdre, à fouiller dans tous les sens, et à faire des allers-retours pour chercher des clés de couleur, puis chercher la porte qui correspond « j’aurais pourtant juré qu’elle était là », à regarder la carte pour voir ce que j’ai raté, et à tourner en rond. La réputation de « shooter nerveux » était vraie à l’époque, mais aujourd’hui, ce n’est plus vraiment le cas : passé les quelques moments d’action, je me suis assez souvent ennuyé, la faute à ce level design tortueux. Je regrette d’ailleurs de ne pas avoir capturé ces longs moments d’ennui et de recherche de mon chemin.
Cet ennui est d’ailleurs renforcé par une forte répétitivité : le gameplay est très basique et bourrin, les pièges sont toujours les mêmes (oh ça par exemple quelle surprise, un interrupteur qui lève des murs qui cachaient des ennemis), les environnements se ressemblent trop, et les niveaux ne correspondent à rien de « réel », on a juste l’impression de visiter une série de labyrinthes arbitraires. La construction des niveaux est bonne, mais les décors pourraient être remplacés par n’importe quoi sans qu’on y perde grand-chose ; à comparer aux niveaux de Duke Nukem 3D par exemple, qui représentent souvent des lieux « réels », comme une salle de cinéma avec WC attenants.
Histoire d’enfoncer le clou, la structure originelle « shareware épisodique » oblige à commencer chaque chapitre avec uniquement le pistolet de départ, la courbe de progression reprend donc de zéro à chaque fois, ce qui n’aide pas à maintenir le rythme, déjà assez mou.
Les musiques, assez incroyables pour l’époque, oscillent aujourd’hui entre le bon et le banal, et sont souvent tellement calmes qu’on oublie qu’elles existent. C’est très spécial, et ça ne colle pas du tout à la réputation du jeu.
Le travail sur ce portage est correct : mode 16/10e (qui conserve des bordures moches et non configurables), sauvegarde et chargement rapides, et quelques packs de données (niveaux) à télécharger. Aucun bonus (artwork, etc), mais à 5€, il ne faut pas trop en demander. Je regrette également que le « head bob » ne soit pas désactivable, car ce jeu me donne réellement envie de vomir au bout de 2 niveaux.
Mise à jour : un patch a ajouté un vrai mode 16/9e, ainsi que la possibilité d’afficher un réticule de visée, ce qui peut réduire le mal de mer, avec un point fixe au centre de l’écran sur lequel se concentrer. Ca n’a pas marché pour moi.
Doom fait partie de ces jeux « légendaires » qui ont mal vieilli : révolutionnaire à l’époque, il s’est depuis fait dépasser dans tous les domaines, et ne correspond plus du tout à l’idée que l’on se fait du genre qu’il a pourtant créé. Jouez-y au moins une fois dans votre vie si ce n’est pas déjà fait, mais tempérez vos attentes.