Death’s Door est un jeu d’action/aventure typé Zelda en vue de dessus isométrique.
On y incarne un jeune corbeau faucheur d’âmes, employé dans l’administration bureaucratique de la Mort, qui doit récupérer « l’âme géante » d’un monstre qui a vécu trop longtemps ; tout tourne au vinaigre lorsque l’on se la fait voler, et il faudra la récupérer pour que la situation revienne à la normale. L’intrigue est évidemment plus complexe qu’il n’y paraît, et l’on résoudra un bon nombre de problèmes à l’aide de PNJ originaux et hauts en couleur.
La structure du jeu est à mi-chemin entre un Zelda « traditionnel » et un jeu plus linéaire : il y a un monde à explorer mais un seul chemin possible très dirigiste, et 3 « donjons » dont l’ordre est imposé, car ils nous fournissent des pouvoirs qui permettent de débloquer l’accès aux zones suivantes, comme dans Zelda. On ouvre régulièrement des raccourcis pour revenir plus vite en cas de mort, mais à moins de chercher les secrets, il n’y a pas vraiment de raison de fouiller partout ; l’ensemble est connecté à un « hub central » qui permet de passer d’une zone à une autre rapidement à travers les « portes » du titre, ainsi que d’acheter des améliorations avec les âmes collectées. Les donjons sont relativement longs, remplis de combats et de puzzles basés sur une mécanique déclinée en plusieurs versions, et toujours découpés en trois parties : une « approche » où l’on cherche le chemin pour y accéder avec des puzzles plutôt simples, une partie « avant le pouvoir » avec des puzzles légèrement plus complexes, et une troisième zone « après le pouvoir » généralement bien défendue ; contrairement à un donjon de Zelda, les trois zones sont distinctes, ce n’est pas aussi interconnecté et toujours très linéaire, mais l’exploration est agréable et généralement intéressante, avec des puzzles simples mais intelligents.
Les combats de Death’s Door sont classiques : une frappe simple ou chargée, une roulade d’esquive, et un sort à distance (jusqu’à 4 à la fin) qui utilise de la magie à recharger en frappant les ennemis, un peu comme Hollow Knight ; assez simples voire basiques au début, les combats révèlent progressivement leur richesse, par exemple lorsque l’on affronte plusieurs ennemis qui nécessitent des stratégies différentes. Le jeu a un bon rythme, et alterne les phases d’exploration et de puzzles, avec des zones de challenge de combat remplies d’ennemis parfois assez costauds, mais dans l’ensemble, le jeu est plutôt orienté combats.
Death’s Door est un jeu assez exigeant : avec seulement 4 points de vie, et aucun moyen d’en re-gagner durant les combats, on meurt souvent, et les boss nécessitent de bien mémoriser leurs attaques. Pas trop difficile au début, la difficulté monte après quelques temps, et il m’a fallu réessayer certains ennemis « élite » ou challenges de nombreuses fois ; bizarrement les boss « principaux » sont beaucoup moins difficiles. J’ai habituellement beaucoup de mal avec ce type de jeu un peu « die & retry », mais ici la mort a tellement peu d’impact négatif que cela ne m’a pas posé de souci : les boss ont toujours une porte juste à côté, les challenges difficiles peuvent parfois être réessayés immédiatement, et la seule chose perdue est un peu de temps ; même si vous devez refaire un peu de chemin depuis la dernière porte atteinte, les mécanismes restent activés, et vous conservez les âmes récupérées si vous voulez grinder un peu pour améliorer une capacité.
Je suis rarement enclin à chercher tous les secrets d’un jeu pour le finir à 100%, mais c’est un aspect qui m’a ici beaucoup plu : d’un nombre relativement restreint (on est loin des centaines de Breath of the Wild), avec un système d’indices à l’intérieur même du jeu, ils sont rarement très difficiles à trouver, et l’on peut comprendre quasiment toutes les énigmes par soi-même sans trop de souci. C’est d’ailleurs en cherchant ces secrets que j’ai trouvé que le jeu prenait toute sa saveur : en farfouillant dans les coins reculés de la carte, en affrontant quelques ennemis facultatifs un peu costauds, en retournant aux endroits inaccessibles précédemment (notamment après la « première fin »), et en réfléchissant ; je n’ai utilisé une solution que pour deux ou trois d’entre eux, principalement parce que je n’avais pas envie de ré-explorer l’intégralité des recoins du jeu pour trouver ceux que j’avais raté.
Malgré tout, le jeu est assez court : 12h pour obtenir la « première fin » avec toutes les améliorations possibles à ce moment, et 15h30 pour le 100%, probablement plus si vous refusez d’utiliser un guide, mais dans ce cas bonne chance : au moins un objet à trouver, placé dans l’ombre, est littéralement invisible à l’œil nu sur l’écran de la Switch. Une fois obtenus tous les secrets, la « vraie fin » est débloquée, qui demande une simple ré-exploration en profondeur des zones, avec très peu d’ennemis présents.
L’ambiance fait elle aussi penser à Hollow Knight : un peu sombre et mélancolique, mais ponctuée de quelques touches d’humour avec des PNJ souvent un peu loufoques. Death’s Door possède également une excellente musique, et un design « doux » avec beaucoup de travail sur les lumières qui le rendent vraiment joli à regarder. Techniquement en revanche, c’est moins glorieux : les ralentissements sont nombreux (bien que rarement pénalisants), les chargements sont parfois un peu longs, et surtout il y a beaucoup d’endroits sombres et aucun réglage de gamma, ce qui le rend parfois totalement illisible.
Avec un gameplay classique mais bien réalisé, un level design intéressant, et des tonnes de secrets, Death’s Door est un excellent « petit » Zelda-like. Malheureusement, ses performances sur Switch et le manque de luminosité sont de vrais défauts : faites-le sur un autre support, si vous le pouvez.