Dernier épisode d’une série de jeux orientés combats et exploration, Darksiders Genesis change de point de vue pour passer par-dessus l’action, comme Diablo. Ne vous y trompez cependant pas : cet épisode n’a pas grand-chose à voir, et se rapproche plus d’un mélange de twin stick shooter et de beat’em up à la Devil May Cry ou Bayonetta, mais vu de dessus.
Cette nouvelle perspective permet de nouvelles choses, en particulier la possibilité de changer à la volée entre Discorde et Guerre pour s’adapter aux situations. Malheureusement, c’est aussi très mou : les tirs de Discorde poussent à jouer à distance, les ennemis restent parfois bien sagement au loin, et une fois au contact, les deux personnages n’ont pas de différence de gameplay très marquée. C’est aussi assez brouillon, avec des personnages assez petits, et certains ennemis qui se fondent dans le décor. Le jeu a également des problèmes de maniabilité, avec des contrôles qui ne répondent pas toujours très bien : par exemple, parfois on esquive et Discorde arrête de tirer ; il faut relâcher le stick droit et le ré-incliner pour pouvoir viser de nouveau. De manière générale, les combats sont un peu raides : les personnages sont des gros bœufs qui mettent des gros coups et s’arrêtent de bouger une fraction de seconde, ou bien font des petites pauses, par exemple quand Discorde change de munition, ou même quand on change de personnage : une somme de petits détails qui s’accumulent et rendent les combats assez hachés et pas très agréables. C’est particulièrement frustrant durant les combats de boss, qui peuvent nous « bloquer » et nous tuer en deux secondes sans pouvoir réagir.
L’autre aspect important de la série Darksiders, c’est l’exploration : il y a bien des secrets et des bonus cachés un peu partout, et la progression a toujours ce petit air de Zelda avec l’obtention d’objets qui permettent d’accéder à de nouveaux passages, mais contrairement aux deux premiers épisodes, Genesis est structuré en niveaux linéaires auxquels on accède à travers un hub central. La partie exploration est donc reléguée au minimum syndical, c’est à dire trouver des petits coins cachés dans les niveaux pour obtenir des bonus facultatifs.
Dans l’ensemble, Darksiders Genesis est assez correct mais aussi très convenu : il se contente de cocher les cases sans beaucoup d’imagination ni d’innovation. Les niveaux linéaires font perdre l’exploration à la Zelda, et la vue de dessus casse complètement les combats : ça devient un bête hack & slash comme Ys Origin ou Cat Quest, mais avec les personnages lourdeaux et les déplacements lents, c’est plus fastidieux que fun. Je rajoute qu’il faut grinder assez rapidement, en tout cas en mode normal, pour pouvoir avancer : on peut personnaliser les statistiques à base de bonus de +2% de ceci ou +1% de cela, mais la différence ne se fait pas vraiment ressentir. Je ne parle pas du grind qui nécessite de refaire des missions entières pour compléter des sphères d’âmes : il faut refaire les missions en boucle, en priant pour trouver la bonne âme qui nous manque.
Visuellement, je l’ai déjà évoqué, mais le jeu a un réel problème de lisibilité : un peu avec la caméra qui masque parfois certaines choses, mais surtout avec un manque général de contraste. Les barres pour s’agripper sont parfois invisibles dans le noir ; il arrive qu’on ne voie même pas les ennemis, et on a du mal à distinguer ceux qui sont éliminés de ceux encore debout ; les décors en avant-plan empêchent de voir les animations des ennemis qui se préparent à attaquer, etc. C’est tellement peu lisible qu’on ne sait même pas toujours quel perso on incarne ! Ne parlons pas des passages de plateforme en vue isométrique qui sont souvent agaçants : je ne compte plus le nombre de chutes dans le vide à cause du positionnement de caméra ; les challenges facultatifs sont parfois injouables. Le design est aussi assez répétitif : j’espère que vous aimez le marron et le violet.
Techniquement, sur Switch en mode portable, Darksiders Genesis est assez mauvais : c’est toujours un peu flou, certaines ont des ombres d’extrêmement basse définition avec des gros carrés noirs qui clignotent au sol, il y a quelques grosses chutes de framerate à certains endroits de certains niveaux, des ralentissements quand on invoque le cheval, des bugs d’affichage en français avec des textes qui se chevauchent, et j’ai eu deux plantages en fin de chapitre, heureusement après la sauvegarde.
L’histoire est racontée sous forme de dessins, un peu basiques et pas très travaillés, sans parler du fait qu’il arrive qu’il y ait des bugs et que les images ne correspondent pas aux dialogues. Le scénario ne raconte pas grand chose, et la fin se termine en eau de boudin, et ne fait même pas la liaison avec les autres épisodes, dont il est le prologue. Il y a bien un peu d’humour dans les répliques des personnages, mais c’est trop peu pour sauver le reste. Les doublages sont intégralement en français, mais avec des doubleurs pas très motivés et des voix qui correspondent rarement aux gabarits des personnages ; les phrases de combat répétées en boucle tapent rapidement sur le système. C’est nettement mieux en VO, mais pas encore parfait.
Le jeu peut se faire intégralement en multijoueur : local, en ligne ou en écran partagé, mais je n’ai pas essayé.
Sans le charme des premiers épisodes, ni l’intensité d’un Diablo, ni le dynamisme d’un twin stick shooter, ni la complexité d’un Devil May Cry ou Bayonetta, Darksiders Genesis n’a pas grand-chose pour lui. On s’ennuie ferme, c’est très répétitif et pas très imaginatif, et assez mauvais techniquement.