Armored Core est une série qui parlera probablement à certains d’entre vous ; moi, pas du tout, mais il paraît que c’est une très bonne série de jeux de mechas, et Daemon X Machina a été créé en grande partie par d’anciens développeurs de celle-ci. Maintenant que les fans ont quitté ce test pour aller acheter le jeu sans lire la suite, que vaut-il pour les autres ?
Daemon X Machina est assez facile à résumer : on pilote un gros robot (appelé un arsenal), qu’on peut personnaliser dans les moindres détails, et on détruit des hordes de machines. Notre arsenal se pilote de manière bien dynamique et plaisante : c’est nerveux, rapide, complexe, et ça pète de partout sans arrêt. Si vous avez joué à la décevante démo, oubliez-la, ça n’a rien à voir : le jeu final est bien plus agréable et bien plus lisible, même si les combats contre les arsenaux adverses, qui bougent très vite dans tous les sens, sont parfois un peu chaotiques, et on n’est pas aidé par l’interface très chargée mais heureusement personnalisable, et des contrôles un peu trop sensibles aux joy-cons.
Le problème principal du jeu pointe cependant très vite le bout de son nez : la structure de la plupart des missions est quasiment toujours la même. On arrive, on nettoie du menu fretin, parfois on affronte un boss, on rentre à la base, et on recommence ; il n’y a que quelques missions contre des robots géants, très sympas d’ailleurs, qui changent un peu. Parfois les objectifs sont différents et il faut plutôt protéger une cible que la détruire, mais en pratique ça ne change pas grand-chose. Les environnements tous identiques sur les premières missions du jeu, ainsi que la très faible variété d’ennemis, n’aident vraiment pas empêcher ce sentiment de s’installer : une fois que ça commence à varier un peu, il est trop tard, la monotonie est là, et restera jusqu’à la fin. Le cœur du jeu basé sur le grind pour obtenir du loot n’aide pas vraiment non plus.
Une grosse partie de l’intérêt de Daemon X Machina repose sur ce système de loot, à récupérer sur les arsenaux abattus : notre mech peut être personnalisé des pieds à la tête, avec une trentaine de modèles d’armures que l’on peut panacher entre tête, corps, bras gauche/droite et jambes, et une liste d’armes interminable, en plus de la possibilité de personnaliser les capacités ou l’apparence du pilote, et je ne parle pas de la possibilité de peindre son robot et de lui appliquer des décalcos partout, tel une 206 avec aileron, néons et vitres teintées. Si on aime le genre, si on aime chercher LA pièce qui complètera notre armure, alors on peut passer de nombreuses heures à faire et refaire les missions, chercher de nouveaux équipements, et essayer différentes combinaisons, particulièrement si on aime admirer des fiches de statistiques aussi chargées qu’un tableau Excel de comptable en période de clôture de fin d’année.
Heureusement, on peut parfaitement ignorer ce système de grind si on souhaite seulement suivre l’histoire principale, et se contenter d’équiper ce que l’on trouve : à l’exception du boss final, un peu pénible et fastidieux, le jeu n’est pas très difficile, le challenge se situant surtout dans les missions secondaires facultatives qui proposent d’affronter les boss en versions boostées.
En revanche, si vous voulez juste suivre l’histoire principale… vous allez être déçu. On est balancé dans cet univers sans introduction, et bombardé de termes étranges sans aucune explication ; je vous conseille d’aller jeter un oeil à mon guide si vous souhaitez y voir plus clair. On met du temps à comprendre ce qui se passe, et quand on y arrive, déception : en fait, il ne se passe rien. On passe 15 heures à écouter des PNJ parler sans arrêt pour ne rien dire, sans jamais se la fermer, et répéter en boucle qu’il se passe des choses louches alors qu’il ne se passe strictement rien. De temps en temps, un début d’arc narratif est lancé, mais ils n’aboutissent jamais, voire sont abandonnés aussitôt commencés ; c’est seulement sur les quelques missions de la fin que tout s’emballe et se précipite dans un gloubiboulga de clichés d’animes Japonais, complètement ridicule, absurde, pompeux et prétentieux. Les PNJ sont tous plus caricaturaux les uns que les autres, le protagoniste silencieux se fait mener en bateau par les PNJ qui prennent ses décisions à sa place, et l’action est interrompue sans arrêt par des cinématiques et des dialogues, bref, on a l’impression que les développeurs ont essayé de bricoler une histoire deux semaines avant la sortie, et se sont retrouvé avec un scénario d’anime générique sans queue ni tête.
Graphiquement, le jeu utilise un style en cell shading qui donne un look « anime » plutôt réussi, mais (sur Switch en docké) avec des chutes de framerate ponctuelles, et pas mal d’aliasing. Ce n’est pas vraiment moche, mais ça ne vous épatera pas non plus. Les musiques sont génériques et n’ont absolument rien de remarquable.
A noter que le jeu propose des modes multijoueur en ligne et en local, mais je ne les ai pas testé.
Daemon X Machina est un jeu d’action pour ceux qui aiment le grind et le loot, ponctué de quelques bons moments, mais avec une histoire à faire grincer des dents. C’est sympa quelques heures, mais pas vraiment passionnant, à moins de vraiment aimer ce genre de « looter-shooter ». Et les gros robots, cela va de soi.