Bayonetta Origins: Cereza and the Lost Demon

Bayonetta Origins est un jeu d’aventure/action linéaire, qui raconte un passage de l’enfance de l’héroïne titulaire de la série.

L’histoire suit donc l’héroïne de la saga, appelée originellement Cereza et âgée alors de 8 ou 10 ans et qui a un tempérament peureux. Elle s’engage dans une forêt magique dangereuse afin de récupérer « un grand pouvoir » pour libérer sa mère injustement emprisonnée ; on rencontre rapidement un démon, qui va prendre possession du doudou de Cereza, et nous accompagnera malgré lui afin de pouvoir retourner en enfer. Le tout est enrobé d’une histoire un peu mielleuse et racontée de manière parfois pataude, avec des des poncifs et des clichés sur le pouvoir de l’amitié et de l’amour : le scénario n’est vraiment pas le point fort du jeu, même s’il a quelques bons moments.

Ce qui est réussi en revanche, c’est le style : un look « aquarelle » très marqué et contrasté par le style « verre » des fées, une ambiance « livre de contes » avec des cinématiques en images fixes et des pages qui se tournent, une inspiration Celte avec les fées et la forêt d’Avalon, le tout raconté par une voix off agréable (mais en anglais) : on a vraiment l’impression de suivre une histoire lue le soir au coin du feu. L’ensemble est un peu une antithèse de la série principale : on passe d’une sorcière sexy et puissante qui explose des anges dans des gerbes de sang, à une petite fille effrayée qui essaye de s’échapper d’une forêt enchantée remplie de fées en serrant fort son doudou contre elle. Bon, ok, le doudou est un démon, mais quand-même.

Le gameplay de Bayonetta Origins s’adapte fort bien à ce changement de rapport de force, avec une originalité qui semble inspirée de Astral Chain (des mêmes développeurs) : on contrôle indépendamment Cereza et Chouchou, chacun sur un stick, et les actions se font avec les gâchettes. Chaque personnage a son utilité : Cereza peut jeter des sorts pour faire pousser des plantes, créer des plateformes ou figer les ennemis quelques secondes ; tandis que Chouchou va frapper et casser, mais aussi utiliser les pouvoirs débloqués au fil de la progression pour résoudre des puzzles environnementaux ou ouvrir des passages. Le jeu concentre tout l’intérêt du gameplay dans ces interactions entre les deux personnages : durant l’exploration, l’un ouvre un passage que l’autre peut franchir pour faire avancer le premier ; et durant les combats, figer un ennemi avec Cereza permet de générer un combo avec Chouchou. Il y a un arbre de compétences pour par exemple débloquer des coups spéciaux, mais le gameplay s’arrête cependant à ces deux aspects, plutôt bien équilibrés par ailleurs ; il n’y a pas de passage de plateforme, car les sauts sont automatiques, et les rares fois où l’on peut tomber dans le vide, on ne perd même pas de vie.

La structure du jeu est un mélange de jeu linéaire et de Metroid Prime : c’est une grande carte faite de chemins interconnectés, globalement dirigiste, et malheureusement un peu répétitive en terme de design car tout le jeu se déroule dans des variantes de forêt ; mais Chouchou obtiendra des pouvoirs élémentaires au fil de la progression, et on retombera régulièrement sur des endroits déjà visités, que l’on pourra un peu plus explorer avec les nouvelles capacités pour avancer, trouver des raccourcis et des secrets. Une fois tous les pouvoirs acquis, il est possible de retourner dans tous les endroits précédemment visités pour récupérer des points supplémentaires afin de gagner des points de vie et remplir l’arbre de compétences, ce qui est sans doute le plus intéressant dans le level design : voir un bonus à un endroit inaccessible, et chercher quel détour permet d’y accéder. Le tout se termine en 14h à 80%, ce qui est dans la moyenne des jeux de la série.

De temps à autre, vous croiserez des « tir na nog », des sortes de donjons, qui s’apparentent en fait plutôt aux sanctuaires de Zelda Breath of the Wild : des zones linéaires, trop rarement avec quelques énigmes qui nécessitent la coopération ou le déplacement synchronisé des deux personnages, trop souvent avec juste un ou deux combats. Ils sont toujours bons lorsqu’ils sont orientés puzzle, ce qui rend d’autant plus regrettable qu’ils ne soient pas assez nombreux ; cela dit, les « versions combat », qui demandent de changer de pouvoir et de gérer plusieurs ennemis avec des techniques différents, sont souvent intéressantes.

L’accessibilité est un gros point fort de Bayonetta Origins : les aides sont nombreuses, que ce soit pour automatiser le lancement des sorts, faciliter les combos, et bien d’autres actions, activables de manière très granulaire, ce qui permet de vraiment régler le jeu selon ses préférences. On peut également modifier finement la difficulté : l’agressivité des ennemis, leur nombre et la puissance de leurs attaques sont tous des réglages différents, bien que le jeu ne soit pas vraiment difficile en mode normal, à l’exception de certains tir na nogs à temps limité.

Bayonetta Origins est un jeu d’aventure/action à l’ambiance marquée et réussie, et au gameplay original. Il lui manque peut-être un monde un peu plus ouvert et un peu plus de consistance dans son contenu pour vraiment être un indispensable, mais en l’état, c’est déjà un très bon jeu.

Verdict : très bon
Coup de coeur