Gun & Frontier est sorti en 1991 en arcade, l’année après Raiden qui a un peu tout chamboulé, et la même année que Cotton, Alpha Mission 2, Orius, Thunder Dragon, et de nombreux autres titres rarement novateurs. Il est créé par la même équipe qui fera Metal Black ; d’ailleurs ce dernier s’appelait Project Gun Frontier 2 durant sa conception. Ce sera également une inspiration pour Battle Garegga, et tout de suite les amateurs du genre devraient commencer à prendre des notes.
L’histoire du titre est relativement mise en avant : situé loin dans le futur, sur une planète avec beaucoup d’or survient un « gold rush » avec de nombreux prospecteurs, et naturellement des nombreux bandits débarquent ; ils capturent tout le monde et on vient les sauver, mais on sait pas trop pourquoi. L’ambiance unique est une grande force du jeu : il mélange de S-F et western d’une manière étonnante, et bien que les graphismes « réalistes » soient un peu ternes il y a des décors très travaillés, et parfois de supers mises en scène dignes des meilleurs westerns, comme ce second boss qui sort de sous une cascade, des oiseaux qui s’envolent devant nous, et il perce soudainement les nuages avant de nous attaquer. Malgré tout le jeu ne se prend pas trop au sérieux, par exemple tous les vaisseaux sont des gros revolvers de formes différentes, et les tanks sont d’énormes Colts à 6 coups qui doivent recharger entre deux volées de tirs. La musique est encore excellente et rajoute beaucoup à l’ambiance, comme pour Metal Black.
Niveau gameplay Gun & Frontier est un shoot à l’ancienne très simple, avec un tir principal qui s’améliore en ramassant des pièces laissées par certains ennemis, et des bombes qui se rechargent en ramassant des lingots laissés par les ennemis au sol. Récupérer 3 pièces permet de monter l’arme d’un niveau, et il faut 25 lingots pour avoir une bombe complète ; on peut déclencher une bombe avant d’avoir les 25, mais elle sera moins puissante, ce qui crée une petite gestion du risque intéressante. Le scoring est basique : destruction d’ennemis ou de décor, ramassage de bonus, et voilà ; il n’y a pas de multiplicateur ni de système plus avancé que ça.
Le level design également est classique mais très bien réalisé, avec des niveaux à apprendre par cœur si on veut passer : ici éliminer les avions de la gauche puis les tanks à droite, etc. Les niveaux sont plutôt longs, les tirs ennemis assez lents mais plutôt nombreux, et le vaisseau assez lent, ce qui ne permet pas vraiment d’improviser, malgré la hitbox relativement petite pour l’époque. Les boss sont des gros vaisseaux qui tirent partout : pas facile, mais pas toujours passionnant ; mention spéciale cependant au troisième, que l’on ne peut éliminer que si on détruit le décor. Un petit détail agaçant : alors que la plupart des tirs sont dorés et se voient bien, certains sont violets foncé et quasiment invisibles dans les décors, ce qui ressemble très fortement à « remettez donc une pièce dans la machine » ; il faudra vraiment se souvenir par coeur de quels ennemis les tirent à quel moment si on veut avoir une chance de s’en sortir car, vous l’aurez compris, la difficulté est plutôt relevée, avec un système de rank qui dépend, entre autres, de la vitesse du tir du joueur – mieux vaut donc éviter d’activer l’autofire… Cela dit je réussis tout de même à aller jusqu’au stage 4 sur un seul crédit en mode normal, ce qui montre que le jeu est faisable par un être humain, avec un peu d’entraînement.
Gun Frontier est méconnu, mais c’est un excellent titre dans le genre old school ; parfait si vous connaissez Raiden par coeur et que vous voulez quelque chose dans le même genre, surtout si vous voulez une ambiance unique. En revanche, oubliez si vous cherchez quelque chose de plus moderne.